Un système à bout de souffle
L'assurance-maladie française, pilier de la protection sociale depuis 1945, traverse une crise sans précédent. Conçue pour couvrir les dépenses de santé des travailleurs, elle étend désormais sa couverture aux retraités, dans un contexte démographique explosif. En 1945, le ratio actifs/retraités était de 6 pour 1. Aujourd'hui, il n'est plus que de 1,7 et devrait chuter à 1,4 d'ici 2070.
Cette évolution démographique, couplée à une explosion des dépenses de santé, met en lumière les failles structurelles du système. Les plus de 60 ans, qui représentent 28 % de la population, concentrent 50 % des dépenses, selon les dernières données de la Drees. Une situation intenable, alors que le déficit de l'assurance-maladie devrait atteindre 23 milliards d'euros en 2025, contre 17,2 milliards en 2024.
La prévention, seule solution face à l'échec des politiques libérales
Face à ce constat, le gouvernement Lecornu II évoque timidement la prévention comme solution miracle. Une approche qui sonne comme un aveu d'échec des politiques d'austérité menées depuis des années par la droite et l'extrême droite. Pourtant, les discours moralisateurs et les campagnes de communication gadgets ne suffiront pas, selon les experts.
La hausse des maladies chroniques, des troubles mentaux et de la perte d'autonomie chez les seniors menace d'aggraver encore la situation. Les dépenses de santé augmentent de manière exponentielle avec l'âge : 1 114 euros en moyenne pour les moins de 20 ans, contre 8 529 euros pour les plus de 80 ans.
Un modèle à bout de souffle, victime des inégalités sociales
Cette crise sanitaire et financière s'inscrit dans un contexte plus large de déséquilibre des finances publiques, aggravé par les politiques fiscales favorables aux plus riches.
"La solidarité nationale ne peut plus être un vain mot",rappelle un rapport parlementaire récent.
Alors que l'Union européenne et les pays nordiques investissent massivement dans la prévention et les soins primaires, la France reste prisonnière de ses vieilles recettes. Les comparaisons avec les modèles scandinaves, où le ratio actifs/retraités est mieux géré grâce à des politiques sociales ambitieuses, sont éloquentes.
L'urgence d'une réforme structurelle
Pour éviter l'effondrement du système, une réforme en profondeur s'impose. Elle devrait passer par un renforcement des cotisations sociales, une meilleure répartition de la charge entre actifs et retraités, et surtout, un investissement massif dans la prévention. Mais dans un contexte de crise des vocations politiques et de division de la gauche, cette réforme semble lointaine.
La question se pose : le gouvernement aura-t-il le courage de s'attaquer aux véritables causes de cette crise, ou se contentera-t-il de pansements sur une jambe de bois ?