Un ancien Premier ministre au service de la diplomatie chinoise ?
Dominique de Villepin, figure politique française, a multiplié les activités en Chine depuis son départ de Matignon en 2007. Ses liens avec Pékin, révélés par une enquête approfondie, soulèvent des questions sur l'indépendance des anciens dirigeants français face aux puissances étrangères.
Des conférences rémunérées et des postes d'influence
Dès 2008, l'ancien Premier ministre est introduit en Chine par un général à la retraite. Il donne des conférences sur la crise financière, perçoit des honoraires substantiels et accepte des postes prestigieux, comme la présidence de l'Alliance internationale du tourisme de montagne (IMTA), un outil de soft power chinois.
Selon des documents internes, ses interventions étaient financées par des municipalités chinoises, avec des frais de déplacement en première classe. Il a également présidé l'Asia Pacific CEO Association (APCEO), une organisation influente auprès des entreprises chinoises.
Un rôle consultatif controversé
En 2013, Dominique de Villepin est nommé à la tête du conseil consultatif de l'Universal Credit Rating Group (UCRG), une agence de notation chinoise censée concurrencer les géants américains. Malgré des promesses ambitieuses, l'agence a échoué, suspectée de partialité en faveur de Pékin.
Par la suite, il a conseillé le fonds d'investissement Minsheng, lié au Parti communiste chinois, et a intégré le conseil consultatif de Cedarlake, une société spécialisée dans la levée de capitaux. Il minimise son implication, affirmant que ces activités ne représentaient qu'une faible part de ses revenus.
Un soutien inconditionnel à la Chine
Dominique de Villepin a régulièrement félicité le président Xi Jinping, notamment après son élection en 2017, malgré le virage autoritaire du régime. Il a également fait la promotion des nouvelles routes de la soie, un projet controversé accusé de prédation économique.
Interrogé sur les droits de l'homme en Chine, il affirme aborder ces sujets en privé, mais sans jamais les évoquer publiquement. Ses détracteurs, comme l'ancien ministre François Goulard, estiment que ces liens avec Pékin sont incompatibles avec une ambition présidentielle.
Des revenus opaques et des contrats lucratifs
L'ancien Premier ministre perçoit une indemnité pour ses fonctions à l'IMTA, qu'il qualifie d'infime, mais refuse de dévoiler son montant. Il a également travaillé pour Veolia, avec un contrat de conseil rémunéré à hauteur de 200 000 euros par an.
Ses activités en Chine, bien que minoritaires selon lui, soulèvent des questions sur l'indépendance des anciens dirigeants français face aux influences étrangères. Dans un contexte de tensions croissantes entre l'Europe et Pékin, ces révélations pourraient alimenter les débats sur la souveraineté française.