Un anniversaire sous tension
Alors que la France célèbre les 120 ans de la loi de 1905 sur la séparation des Églises et de l'État, ce pilier républicain est plus que jamais menacé. Fondamentalismes religieux, replis identitaires et instrumentalisations politiques fragilisent un principe pourtant fondateur de la République.
La laïcité, cible des extrémismes
La liberté de conscience, garantie par la loi de 1905, est aujourd'hui attaquée de toutes parts. L'islamisme radical, qu'il s'exprime par le communautarisme ou le terrorisme, constitue la menace la plus visible. Les assassinats de Samuel Paty et Dominique Bernard, deux enseignants symboles de la laïcité républicaine, rappellent cruellement cette réalité.
Un abandon progressif de la gauche
La laïcité a été progressivement désertée par une partie de la gauche. Jean-Luc Mélenchon, par exemple, a évolué vers une position plus conciliante avec les signes religieux ostentatoires, abandonnant son anticléricalisme historique. Cette désertion a laissé le champ libre à l'extrême droite, qui instrumentalise la laïcité pour cibler spécifiquement l'islam.
L'État en retrait
Si l'État veille au respect des lois de 1905 et 2004, il reste en position défensive. Aucune politique publique ambitieuse n'a été mise en place pour renforcer la laïcité. Le comité interministériel créé il y a cinq ans n'a plus été réuni depuis décembre 2021. Emmanuel Macron s'est contenté d'une vidéo sur les réseaux sociaux pour marquer l'anniversaire.
Des propositions ignorées
Plusieurs pistes ont été évoquées pour renforcer la laïcité, comme la constitutionnalisation des deux premiers articles de la loi de 1905, la création d'un Défenseur de la laïcité ou encore un ministère dédié. Mais ces propositions, portées par des personnalités comme Jérôme Guedj, n'ont pas été suivies d'effets.
Un enjeu européen
La laïcité n'est pas qu'un débat français. Dans un contexte de montée des extrémismes en Europe, la France pourrait jouer un rôle moteur pour défendre ce principe républicain. L'Union européenne, souvent critiquée pour son manque de fermeté face aux dérives identitaires, pourrait s'inspirer de l'exemple français.