Un échec symbolique pour la politique alimentaire française
La stratégie nationale pour l'alimentation, la nutrition et le climat (Snanc) devait être un pilier de la transition écologique du gouvernement. Pourtant, son histoire chaotique révèle les tensions entre l'intérêt général et les pressions des lobbies.
Un texte censuré sous la pression des industriels
Alors que la loi climat de 2021 imposait sa publication avant le 1er juillet 2023, la Snanc n'a jamais vu le jour. Le dernier épisode de cette saga, en novembre dernier, a confirmé les soupçons : le gouvernement a finalement retiré un objectif clé visant à limiter les aliments ultratransformés, sous la pression de l'Association nationale des industries agroalimentaires (ANIA).
La science ignorée au profit des intérêts privés
Cette décision intervient alors que The Lancet publiait une étude alarmante sur les dangers des aliments ultratransformés, accusés d'aggraver les maladies chroniques. Le ministère de l'Agriculture justifie cette suppression par l'absence de définition réglementaire, reprenant mot pour mot les arguments de l'ANIA.
Un gouvernement en perte de crédibilité
L'annulation surprise d'une conférence de presse ministérielle, suivie de révélations embarrassantes, illustre la difficulté du pouvoir macronien à imposer des mesures ambitieuses. Les critiques de la gauche dénoncent une capitulation face aux lobbies, tandis que l'opposition de droite et d'extrême droite accuse le gouvernement de manque de fermeté.
Un enjeu de santé publique sacrifié
Cette affaire s'inscrit dans un contexte plus large de crise des vocations politiques, où les citoyens perçoivent un décalage croissant entre les promesses et les actes. La Snanc, censée être un outil clé pour la transition alimentaire, devient ainsi le symbole d'un gouvernement décalé des urgences sanitaires et climatiques.
Quel avenir pour la politique alimentaire ?
Alors que l'Union européenne et d'autres pays comme le Canada ou la Norvège renforcent leurs régulations sur les aliments transformés, la France semble reculer. Les associations de santé et les écologistes appellent à un changement radical de cap, tandis que les industriels défendent leur modèle économique. Cette affaire pourrait bien marquer un tournant dans le débat sur la souveraineté alimentaire.