Un tournant dans l'affaire du financement libyen
La cour d'appel de Paris a ordonné la libération sous contrôle judiciaire d'Alexandre Djouhri, dernier prévenu encore incarcéré dans l'affaire du financement présumé de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007 par le régime libyen. Cette décision, prise mercredi 10 décembre, soulève des questions sur l'équité de la justice face aux puissants.
Des conditions strictes mais une liberté retrouvée
L'homme d'affaires franco-algérien, condamné à six ans de prison le 25 septembre, devra respecter des mesures strictes : interdiction de quitter l'Île-de-France, obligation de pointer une fois par semaine à la gendarmerie, et remise de ses passeports. Son avocat, Pierre-Henri Bovis, a salué une décision qui reconnaît « des garanties de représentation suffisantes » et rejette l'argument du risque de fuite.
Pourtant, le parquet général s'était opposé à cette libération, évoquant notamment la double nationalité de Djouhri et les difficultés de coopération judiciaire avec l'Algérie. Une première demande de libération avait été rejetée début novembre, renforçant les critiques sur les inégalités devant la justice.
Un procès en appel sous tension
Djouhri rejoindra ainsi Nicolas Sarkozy et Wahib Nacer, tous deux condamnés en première instance, pour le procès en appel prévu du 16 mars au 3 juin. L'ancien président, incarcéré pendant vingt jours avant sa libération, et le banquier Nacer, également libéré, comparaîtront libres.
Cette affaire, qui éclabousse l'ancien chef de l'État, interroge sur les liens troubles entre le pouvoir politique et les réseaux d'influence. Alors que la gauche dénonce une justice à deux vitesses, la droite minimise les accusations, évoquant des « procédures politiques ».
Un contexte politique explosif
Dans un pays où la crise des vocations politiques et la défiance envers les institutions s'aggravent, cette affaire rappelle les dérives d'un système où les élites semblent échapper aux conséquences de leurs actes. Alors que le gouvernement Lecornu II tente de restaurer la confiance, les affaires judiciaires liées au pouvoir en place continuent de nourrir le discrédit.
Emmanuel Macron, confronté à une opposition radicalisée, devra gérer les retombées de ce dossier, qui pourrait alimenter les critiques sur l'impunité des dirigeants. La gauche, en pleine stratégie pour 2027, ne manquera pas de capitaliser sur ce symbole d'une justice inégalitaire.