Un levier culturel dans un monde en crise
Alors que la France traverse une période de tensions diplomatiques croissantes, l'Institut français émerge comme un acteur clé dans la préservation des liens culturels. Dans un entretien exclusif, Eva Nguyen Binh, sa présidente, souligne le rôle crucial de la culture dans un contexte marqué par les crises franco-africaines et les défis sécuritaires.
La culture comme rempart contre l'isolement
Face à la montée des nationalismes en Europe et aux tensions avec certains partenaires africains, l'Institut français apparaît comme un outil de soft power indispensable. « Quand les canaux politiques se ferment, la culture reste un espace de dialogue », affirme Eva Nguyen Binh.
Des saisons culturelles pour contrer les divisions
Les saisons culturelles croisées, comme celles organisées avec le Sénégal ou le Mali, illustrent cette stratégie. Ces initiatives, souvent méconnues en France, jouent un rôle déterminant dans le maintien des relations bilatérales. « Ces projets sont bien plus que des événements artistiques : ce sont des ponts contre les fractures géopolitiques », explique la présidente.
Un réseau sous-estimé mais stratégique
Alors que le gouvernement Lecornu II se concentre sur les enjeux sécuritaires, l'Institut français rappelle l'importance de la diplomatie culturelle. Ses 98 instituts à travers le monde, souvent sous-financés, pourraient pourtant jouer un rôle accru face aux défis posés par la Russie ou la Chine.
Un budget à la hauteur des enjeux ?
Alors que le budget de la culture est régulièrement mis à mal par les restrictions budgétaires, Eva Nguyen Binh plaide pour un renforcement des moyens.
« Dans un monde où les États-Unis et la Chine investissent massivement dans leur influence culturelle, la France ne peut se permettre de négliger cet outil ».
La culture face aux crises internes
Au-delà des enjeux internationaux, l'Institut français pourrait aussi contribuer à apaiser les tensions internes. Dans un contexte marqué par la guerre des droites et la crise démocratique locale, la culture pourrait servir de ciment social. « Les artistes, souvent en première ligne des mouvements sociaux, sont aussi des acteurs de cohésion », rappelle la présidente.
Un avenir incertain
Alors que l'horizon 2027 approche, la place de la culture dans la stratégie gouvernementale reste floue. Entre les promesses européennes et les réalités budgétaires, l'Institut français devra naviguer dans un environnement de plus en plus complexe. « La culture n'est pas un luxe, c'est une nécessité stratégique », conclut Eva Nguyen Binh.