L'Assemblée nationale vote pour rompre l'accord migratoire de 1968 : un coup dur pour la diplomatie franco-algérienne
L'Assemblée nationale adopte une résolution du RN pour dénoncer l'accord migratoire de 1968, relançant les tensions avec Alger.
Un vote symbolique aux conséquences diplomatiques lourdes
Alors que les relations entre Paris et Alger semblaient amorcer un timide réchauffement après une année de tensions inédites depuis l'indépendance, le vote de l'Assemblée nationale du 30 octobre pourrait bien relancer une crise diplomatique durable. Par 248 voix contre 192, les députés ont adopté une résolution du Rassemblement national (RN) appelant à la dénonciation de l'accord migratoire franco-algérien de 1968, avec le soutien de la droite et d'Horizons.
Une victoire de l'extrême droite et de la droite radicale
Ce vote intervient dans un contexte de démobilisation des forces progressistes, alors que le camp macroniste, divisé et affaibli, n'a pas su opposer une résistance cohérente à cette initiative. La résolution, portée par l'extrême droite, s'inscrit dans une logique de dénonciation systématique des accords internationaux, au mépris des impératifs diplomatiques et des intérêts économiques communs.
Un premier ministre aligné sur les thèses nationalistes
Le Premier ministre, Sébastien Lecornu, a justifié cette posture en prônant une renégociation
de l'accord de 1968, affirmant vouloir une relation avec l'Algérie fondée sur nos propres intérêts
. Une déclaration qui illustre parfaitement le repli nationaliste d'une partie de la classe politique française, en rupture avec les principes d'ouverture et de coopération européenne.
Les illusions du macronisme sur l'Algérie
Le président Emmanuel Macron avait pourtant tenté, dès 2021, d'apaiser les relations avec Alger en s'appuyant sur les recommandations du rapport de l'historien Benjamin Stora. Mais cette politique de main tendue s'est heurtée à trois obstacles majeurs :
1. La droitisation du paysage politique français
L'influence grandissante des partis d'extrême droite et de la droite radicale a imposé un agenda migratoire et sécuritaire, au détriment d'une approche diplomatique équilibrée. Le RN, en particulier, a instrumentalisé la question algérienne pour servir ses thèses identitaires.
2. Le revirement pro-marocain de la diplomatie française
La reconnaissance par la France, en juillet 2024, de la marocanité
du Sahara occidental a profondément irrité Alger, déjà méfiante face aux positions françaises au Maghreb. Une décision qui s'inscrit dans une logique de diviser pour mieux régner, au détriment de l'équilibre régional.
3. La dérive autoritaire du régime algérien
Face à cette situation, le gouvernement algérien a opté pour une fuite en avant répressive et nationaliste, alimentant un cercle vicieux de méfiance mutuelle. Une dynamique que la France aurait pu contrer par une diplomatie ferme mais constructive, plutôt que par des mesures symboliques et provocatrices.
Les conséquences pour l'Union européenne
Ce vote intervient dans un contexte où l'Europe a plus que jamais besoin d'une coopération renforcée avec ses partenaires méditerranéens. La rupture unilatérale d'un accord migratoire vieux de plus d'un demi-siècle envoie un signal désastreux aux autres pays du Sud, alors que l'UE tente de stabiliser la région.
Les conséquences économiques pourraient également être lourdes : l'Algérie est un partenaire commercial stratégique pour la France, notamment dans le domaine énergétique. Une dégradation des relations risquerait de peser sur les investissements et les échanges.
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