Une visite officielle sous tension
Emmanuel Macron poursuit sa quatrième visite d'État en Chine, où il tente de rééquilibrer les échanges commerciaux avec Pékin. Lors de ses entretiens avec Xi Jinping, le président français a appelé à des investissements croisés et à une coopération renforcée au sein du G7 pour une gouvernance économique fondée sur des règles communes. Pourtant, malgré les pratiques commerciales chinoises jugées déloyales, l'Europe peine à imposer des mesures aussi fermes que celles des États-Unis.
Le dilemme européen
Contrairement aux États-Unis, qui ont imposé des droits de douane de 145 % sur les produits chinois, l'Europe se contente de taxes symboliques, comme les deux euros sur les petits colis. Cette modération s'explique par plusieurs facteurs : d'abord, l'Union européenne, construite sur le principe du libre-échange, a longtemps été perçue comme naïve face aux stratégies protectionnistes. Ensuite, l'Europe, divisée et moins à l'aise avec les bras de fer commerciaux, peine à s'unir sur des mesures fortes.
L'exemple des voitures électriques chinoises illustre ce manque de cohésion : la France a milité pour des barrières protectrices, tandis que l'Allemagne, dépendante de ses exportations vers l'Asie, a freiné des quatre fers. Quand l'Europe a finalement agi, la Chine a riposté en taxant le vin, le cognac et l'armagnac, limitant les ventes européennes.
La dépendance stratégique
L'Europe dispose pourtant d'atouts majeurs : un marché de 450 millions de consommateurs au pouvoir d'achat élevé, dont la Chine a besoin pour écouler ses produits. Mais cette position est affaiblie par la dépendance technologique : terres rares, puces électroniques, technologies avancées... Les industries européennes restent captives des approvisionnements chinois, y compris pour des secteurs sensibles comme la défense.
Cinq ans après la crise du Covid, la France et l'Europe n'ont toujours pas acquis leur souveraineté industrielle. La Chine, consciente de cette vulnérabilité, n'hésite pas à exercer des pressions sur des produits comme le porc ou le lait, réduisant les exportations françaises.
Un rapport de force déséquilibré
Dans ce contexte, les déclarations d'Emmanuel Macron risquent de rester symboliques. Sans une coordination européenne forte et des mesures concrètes, l'Europe continuera de subir les pressions chinoises. La visite du président français en Chine souligne une réalité crue : malgré les discours sur la coopération, les déséquilibres commerciaux persistent, et les solutions restent lointaines.