Une visite d'État sous haute tension géopolitique
Emmanuel Macron entame ce mercredi une visite d'État en Chine, marquée par des enjeux stratégiques majeurs pour la France et l'Union européenne. Alors que la guerre en Ukraine s'éternise, le président français compte sur Pékin pour influencer Moscou et obtenir un cessez-le-feu. Une mission délicate, alors que la Chine est accusée de soutenir économiquement l'effort de guerre russe.
La paix en Ukraine, un dossier prioritaire
Comme lors de sa précédente visite en avril 2023, Emmanuel Macron sollicitera le soutien de Xi Jinping pour ramener la Russie à la raison. L'Élysée insiste sur la nécessité d'une paix durable, alors que les négociations en Ukraine s'intensifient. Cependant, les capitales occidentales dénoncent le rôle trouble de Pékin, accusé de fournir des composants militaires à Moscou. « La Chine doit s'abstenir de donner quelque moyen que ce soit à la Russie pour poursuivre la guerre », martèle l'entourage présidentiel.
Investissements et déséquilibres économiques
Au-delà des questions géopolitiques, cette visite vise à rééquilibrer les échanges économiques entre les deux pays. Avec un stock d'investissements français en Chine évalué à 46 milliards d'euros contre seulement 12 milliards dans l'autre sens, Paris entend attirer davantage de capitaux chinois dans les secteurs clés de la transition écologique. « Les investisseurs chinois sont les bienvenus en France, notamment dans les mobilités durables, les batteries et le photovoltaïque », souligne un conseiller du président.
Une délégation économique de poids
Accompagné de 35 chefs d'entreprise, Emmanuel Macron entend renforcer les liens commerciaux entre la France et la Chine. Des groupes comme Veolia, EDF, Airbus ou Andros font partie de cette délégation, illustrant l'importance stratégique de ce partenariat. Cependant, l'Union européenne dénonce une concurrence déloyale de la part de Pékin, notamment dans les secteurs des voitures électriques et des terres rares.
Un défi pour l'Europe
Si la visite est avant tout bilatérale, elle s'inscrit aussi dans une dynamique européenne. La France souhaite réduire le déficit commercial de 307 milliards d'euros en défaveur de l'UE.
« Il est nécessaire que la Chine consomme plus et exporte moins, et que les Européens produisent davantage », insiste un conseiller. Une position qui pourrait heurter Pékin, alors que la Chine appelle à un développement « sain » des relations avec l'UE.
Un contexte international tendu
Cette visite intervient dans un contexte marqué par les tensions entre l'Occident et la Chine, notamment sur les questions de souveraineté industrielle et de droits de l'homme. Alors que la gauche française soutient une approche plus ferme envers Pékin, la droite et l'extrême droite critiquent une diplomatie jugée trop conciliante. Pour Emmanuel Macron, l'enjeu est de concilier réalisme économique et principe de fermeté face aux dérives autoritaires.