Une réforme contestée à trois mois des élections
À trois mois des élections municipales de 2026, la réforme du mode de scrutin dans les petites communes suscite une vive opposition. Les communes de moins de 1 000 habitants doivent désormais adopter un scrutin de liste paritaire, abandonnant le système de panachage qui permettait aux électeurs de modifier les listes proposées.
Un rejet massif des maires ruraux
Selon une enquête de l'Association des Maires de France (AMF) réalisée avec le Cevipof de Sciences Po, 68% des maires des communes de moins de 500 habitants rejettent cette réforme. Le Conseil constitutionnel a validé cette mesure, mettant fin au « tir aux pigeons », un système où les électeurs pouvaient rayer des noms et en ajouter d'autres.
Des habitants en colère
À Forges, en Seine-et-Marne, les habitants expriment leur mécontentement. Florence et Jean-Yves, deux électeurs, dénoncent une « dictature » électorale :
« On nous prend vraiment pour des cons. On nous impose un non-choix, c'est inacceptable. »
Le maire de Forges, Romain Senoble, regrette la fin d'une véritable démocratie locale :
« Avant, les électeurs pouvaient choisir entre deux programmes et même panacher. Aujourd'hui, il n'y aura peut-être qu'une seule liste. »
Des listes paritaires imposées, des communes en difficulté
La réforme impose également des listes paritaires, ce qui complique la constitution des candidatures dans les petites communes. À Courcelles-en-Bassée, le maire sortant, Jean-Luc Auzou, a réussi à former une liste avec cinq femmes, mais craint une concentration de proches ou de membres d'une même famille.
Les communes ne présentant pas de liste paritaire risquent la fusion, une mesure perçue comme une volonté de réduire le nombre de maires. « Ils veulent diminuer le nombre de communes, c'est une évidence », affirme Jean-Luc Auzou.
Un risque de désaffection électorale
Aux dernières municipales, 17 communes n'avaient pas présenté de candidats. Les maires craignent une hausse de ce chiffre en 2026, avec des conséquences sur la démocratie locale. La réforme, perçue comme imposée par le gouvernement, pourrait alimenter un sentiment d'abandon des territoires ruraux.
Un débat politique national
Cette réforme s'inscrit dans un contexte de crise de la démocratie locale, où les petites communes peinent à attirer des candidats. La gauche dénonce une mesure technocratique, tandis que la droite et l'extrême droite y voient une attaque contre les libertés locales. Le gouvernement Lecornu II défend cette réforme comme une avancée vers l'égalité et la parité, mais le terrain montre une réalité plus complexe.