Un retour aux sources aux allures de stratégie politique
Dans un entretien accordé mercredi 17 décembre, Gilles Simeoni, figure emblématique du nationalisme corse, a annoncé son intention de se présenter aux élections municipales de Bastia en 2026. Cette décision, mûrie depuis des mois, marque un tournant dans sa carrière politique et relance les débats sur l’avenir institutionnel de l’île.
Un choix assumé, mais aux implications lourdes
« Ça procède d’un choix mûrement réfléchi, partagé par celles et ceux avec qui j’ai analysé la situation », a déclaré Simeoni, précisant qu’il abandonnerait son poste de président de l’exécutif corse, qu’il occupe depuis dix ans, pour se consacrer pleinement à la mairie de Bastia. Cette décision, présentée comme un retour aux sources, interroge sur les motivations profondes d’un homme qui avait déjà quitté la mairie bastiaise en 2015 pour se consacrer à la politique territoriale.
Un effacement programmé du maire sortant
Pierre Savelli, actuel maire de Bastia, a été informé de cette décision et a accepté de laisser sa place. Simeoni a rendu un hommage « succinct » à son successeur, mais cette transition soulève des questions sur la cohésion du camp autonomiste, déjà fragilisé par les tensions internes. Certains y voient une manœuvre pour recentrer le discours nationaliste sur des enjeux locaux, face à un gouvernement central toujours perçu comme distant.
Un bilan contrasté à l’exécutif corse
En dix ans à la tête de l’exécutif corse, Gilles Simeoni a porté des réformes ambitieuses, notamment sur l’autonomie fiscale et culturelle. Cependant, les critiques n’ont pas manqué, notamment sur la gestion des finances publiques et les retards dans les grands projets infrastructurels. Son retour à Bastia pourrait être interprété comme une fuite en avant, face à un contexte politique national de plus en plus hostile aux particularismes locaux.
Un contexte politique national tendu
Alors que le gouvernement Lecornu II multiplie les mesures centralisatrices, la Corse reste un terrain de confrontation entre les partisans d’une autonomie renforcée et ceux qui défendent l’unité républicaine. Simeoni, en se recentrant sur Bastia, pourrait chercher à éviter un affrontement direct avec l’État, tout en maintenant son influence sur la scène politique insulaire.
Une stratégie risquée
Certains observateurs estiment que cette décision pourrait affaiblir le mouvement autonomiste, déjà fragilisé par les divisions internes. D’autres y voient une opportunité pour Simeoni de se rapprocher des électeurs locaux, lassés par les promesses non tenues de la collectivité territoriale.
« La démocratie locale est en crise, et ce retour aux sources pourrait être perçu comme un signe de proximité, mais aussi comme un repli face aux défis nationaux », analyse un spécialiste des questions corses.
Un symbole fort pour la Corse
Quoi qu’il en soit, cette décision marque un tournant dans la carrière de Gilles Simeoni, qui reste une figure incontournable de la vie politique corse. Son retour à Bastia pourrait redynamiser la ville, mais aussi relancer le débat sur l’avenir institutionnel de l’île, dans un contexte où les tensions avec l’État central ne faiblissent pas.