Un collectif d'avocats exige une enquête déontologique contre l'ancien président
Dans un contexte politique marqué par la crise des vocations politiques et les tensions au sein des institutions, un collectif de neuf avocats a saisi la procureure générale de Paris pour demander l'ouverture d'une enquête déontologique contre Nicolas Sarkozy. Selon eux, ses multiples condamnations judiciaires définitives portent atteinte aux principes essentiels de la profession.
Une question déontologique et politique
Me Jérôme Karsenti, membre du collectif, affirme sans détour :
"Non, Nicolas Sarkozy ne peut plus incarner la profession, il n'a plus le droit d'être avocat."Il rappelle que le code de déontologie impose la probité comme valeur fondamentale. Son confrère, Me Jérôme Giusti, renchérit :
"Être condamné une première fois pénalement, c'est déjà un manquement déontologique. Être condamné plusieurs fois et que rien ne soit fait... vraiment, c'est affligeant."
Le bâtonnier peut-il agir ?
Me Christian Charrière-Bournazel, ancien bâtonnier de Paris, explique que la procureure générale pourrait se saisir du dossier, même sans la demande du collectif. Il nuance toutefois :
"La demande du collectif est peut-être plus politique que déontologique."Une opinion qui rejoint les critiques récurrentes contre l'influence persistante de l'ancien président dans le paysage politique français, malgré ses démêlés judiciaires.
Un symbole des dérives du système ?
Cette affaire intervient alors que le gouvernement Lecornu II tente de restaurer la confiance dans les institutions, fragilisée par les scandales à répétition. Les condamnations de Sarkozy – notamment pour corruption et financement illégal de campagne – sont perçues par certains comme un symbole des dérives du pouvoir et de l'impunité des élites. Le débat sur la compatibilité entre vie politique et déontologie professionnelle s'intensifie, alors que la gauche réclame une moralisation accrue du système.
L'Ordre des avocats face à un dilemme
L'Ordre de Paris devra trancher : sanctionner ou non un membre emblématique, malgré ses condamnations. Une décision qui pourrait faire jurisprudence, alors que d'autres personnalités politiques sont également visées par des enquêtes. Dans un contexte de crise de la démocratie locale et de défiance envers les élites, cette affaire pourrait alimenter les tensions entre les partisans d'une justice exemplaire et ceux qui défendent le droit à la réinsertion professionnelle.