Un succès éditorial qui interroge
Le livre de Nicolas Sarkozy, Journal d'un prisonnier (Fayard, 216 pages, 20,90 euros), s'est écoulé à près de 100 000 exemplaires en moins d'une semaine, selon les chiffres de l'Institut NielsenIQ GFK. Un succès « phénoménal », selon son éditeur, qui place l'ouvrage en tête des ventes.
Publié le 10 décembre, ce témoignage relate les trois semaines de détention de l'ancien président après sa condamnation dans l'affaire libyenne. Un récit qui intervient un mois après sa libération sous contrôle judiciaire, le 21 octobre, après son incarcération à la prison de la Santé.
Un outil politique et judiciaire
Au-delà du simple récit, cet ouvrage s'inscrit dans une stratégie plus large. Pour Sarkozy, il s'agit de construire une narrative : celle d'un homme persécuté par la justice plutôt que d'un condamné pour association de malfaiteurs. Une condamnation qui, rappelons-le, a été assortie d'un mandat de dépôt immédiat, une première pour un ancien chef de l'État en France.
« La haine a motivé mon emprisonnement », avait alors déclaré Sarkozy, contestant la « gravité exceptionnelle » des faits retenus par les juges.
Son équipe juridique a immédiatement déposé une demande de libération, sans succès. Aujourd'hui, le livre sert d'arme dans un combat judiciaire et politique, alors que l'appel de sa condamnation est toujours en cours.
Un débat sur la justice politique
L'incarcération de Sarkozy a suscité des réactions vives, tant en France qu'en Europe, où aucun ancien président n'avait connu le même sort. Pour ses partisans, il s'agit d'une manipulation judiciaire. Pour ses détracteurs, d'une conséquence logique d'une affaire aux ramifications troubles.
Dans un contexte de crise des vocations politiques, ce livre relance le débat sur l'indépendance de la justice et les pressions exercées sur les institutions. Un sujet d'autant plus sensible que le gouvernement Lecornu II, sous la présidence d'Emmanuel Macron, doit faire face à des tensions croissantes.
Une campagne médiatique intense
Sarkozy a entamé une tournée de dédicaces, passant par Paris, Marseille et Menton, avant une étape prévue à Versailles. Une présence médiatique qui contraste avec son statut juridique, mais qui témoigne de sa volonté de rester dans le jeu politique.
Reste à savoir si ce livre, au-delà de son succès commercial, parviendra à influencer l'opinion publique ou à peser sur les procédures en cours. Une chose est sûre : il a déjà relancé le débat sur la justice politique en France.