Des parties civiles du procès libyen critiquent la médiatisation de l'affaire Sarkozy
Dans une interview accordée à France Culture, deux parties civiles du procès sur le financement libyen de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy ont exprimé leur colère face à la place prise par l'ancien président dans les médias après sa condamnation. Maryvonne Raveneau, 79 ans, et Yohanna Brette, 37 ans, ont perdu des proches dans l'attentat du DC-10 en 1989, un drame qui a fait 170 victimes.
Un sentiment d'effacement des victimes
Maryvonne Raveneau, dont le mari Georges était le commandant de bord du vol, a dénoncé le traitement politique et médiatique de l'attentat. Elle s'est indignée de la venue de Mouammar Kadhafi à Paris en 2007, alors que Nicolas Sarkozy était président. "On vous ferme la Seine, on vous privatise le Louvre, 170 personnes, c'est quoi ? Ça ne compte pas ?", a-t-elle interrogé.
"C'est comme si Georges mourait une deuxième fois, mais assassiné par son pays."
Elle a également exprimé son indignation face aux révélations sur les liens entre la France et Abdallah Senoussi, beau-frère de Kadhafi et principal instigateur de l'attentat. "C'est comme si les gens du Bataclan se rendaient compte, dix ans après, que des politiques étaient allés parler avec Salah Abdeslam !", a-t-elle déclaré.
Une médiatisation jugée excessive
Yohanna Brette, qui a perdu sa mère dans l'attentat, a également critiqué la médiatisation autour de Nicolas Sarkozy après sa condamnation. Elle a évoqué "un rouleau-compresseur" médiatique, avec des "mensonges et contrevérités" diffusés par des personnes qu'elle n'avait "jamais croisées en salle d'audience".
"Ça a été terrible. Je serrais tellement les dents que je m'en suis cassé une. Je dois ma première couronne à Monsieur Sarkozy et ses camarades."
Elle a dénoncé la mise en scène de l'entrée et de la sortie de prison de l'ancien président, ainsi que la publication de son livre sur son séjour en détention. "Nicolas Sarkozy alimente tout seul les choses et nous, on subit", a-t-elle déclaré.
Un procès qui relance les questions sur les liens franco-libyens
Le procès a permis d'établir des liens entre la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007 et le régime de Mouammar Kadhafi. L'ancien président a été condamné à cinq ans de prison ferme pour association de malfaiteurs, mais il a fait appel de cette décision. Le procès en appel se tiendra du 16 au 3 juin prochains.
Les familles des victimes de l'attentat du DC-10 dénoncent un manque de respect et une mémoire maltraitée. "Le drame du DC-10, c'est quand même le plus gros attentat perpétré contre la France. Mais pourtant, ça a été un attentat oublié", a souligné Yohanna Brette.
Dans un contexte politique marqué par les tensions entre la gauche et la droite, cette affaire relance les questions sur les relations entre la France et les régimes autoritaires, ainsi que sur la transparence des campagnes électorales.