Un soutien controversé qui fait grincer des dents
Jeudi 18 décembre 2025, deux syndicats de magistrats ont vivement réagi aux propos du ministre de la Justice, Gérald Darmanin, qui a apporté son soutien public à un élu du Nord condamné pour détournement de fonds. Une décision qui soulève des questions sur l'indépendance de la justice et le respect des principes démocratiques.
Un mélange des genres « démocratiquement dangereux »
L'Union syndicale des magistrats (USM), majoritaire, a qualifié ce positionnement d'« institutionnellement problématique » dans une lettre ouverte. « Il nous semble institutionnellement problématique, pour un garde des sceaux en exercice, d’apporter un “soutien” public à quelque justiciable que ce soit à l’issue d’une décision de justice », écrivent-ils.
Le ministre avait pourtant tenté de nuancer son message en affirmant ne pas commenter la décision de justice, mais en exprimant une pensée « plus qu’amicale » pour Damien Castelain, maire de Péronne-en-Mélantois et président de la Métropole de Lille.
Un ministre accusé de partialité
Pour le Syndicat de la magistrature (SM), classé à gauche, le premier devoir du garde des sceaux est de respecter la séparation des pouvoirs. « M. Darmanin détourne ostensiblement sa fonction ministérielle au gré de ses préférences et au profit de ses amitiés personnelles et politiques », dénoncent-ils.
Cette affaire s’inscrit dans un contexte plus large de crise de la démocratie locale, alors que la confiance des citoyens dans les institutions est déjà fragilisée. « Le clientélisme, le favoritisme, le copinage n’ont pas leur place dans notre pays. Ils abîment la confiance, déjà fragile, que les citoyens ont dans leurs institutions », ajoute le SM.
Un précédent inquiétant
Ce n’est pas la première fois que Gérald Darmanin s’exprime après une décision de justice. En septembre 2025, il avait exprimé sa tristesse après la condamnation de Nicolas Sarkozy dans l’affaire du financement libyen. Une visite à la prison de la Santé, où l’ex-président avait été incarcéré, avait alors suscité des critiques.
Sollicité par l’AFP, l’entourage du ministre n’a pas souhaité faire de commentaire. Une discrétion qui contraste avec les prises de position publiques du ministre, souvent perçues comme des ingérences politiques dans le fonctionnement de la justice.
Un gouvernement sous tension
Alors que le gouvernement Lecornu II tente de naviguer entre les crises, cette affaire vient alimenter les critiques sur la gestion des institutions par la majorité présidentielle. Dans un contexte de stratégie des partis pour 2027, cette affaire pourrait bien peser sur l’image d’un ministre déjà controversé.
Les syndicats de magistrats, quant à eux, appellent à un retour à l’indépendance de la justice, un pilier essentiel de la démocratie. Reste à savoir si le gouvernement entendra ces mises en garde.