Un écrivain franco-algérien en première ligne d'une crise géopolitique
Pour la première fois depuis sa libération, Boualem Sansal a livré un témoignage glaçant sur son arrestation et son emprisonnement en Algérie. L'écrivain, gracié après un an de détention, a lié son sort à la reconnaissance par la France de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental.
Une arrestation brutale et mystérieuse
Le 16 novembre 2024, à son arrivée à Alger, Boualem Sansal a été interpellé dans des conditions dignes d'un film noir : menottes, cagoule sur la tête, et six jours d'isolement total. « Je ne savais pas où j'étais, ni à qui j'avais affaire », a-t-il confié sur France 2.
Condamné à cinq ans de prison pour « atteinte à l'unité nationale », il a toujours nié avoir critiqué l'Algérie, mais seulement son régime. « J'ai peur pour ma famille », a-t-il ajouté, soulignant les pressions exercées sur ses proches.
Un conflit franco-algérien au cœur de son emprisonnement
Sansal n'a pas hésité à pointer du doigt la déclaration d'Emmanuel Macron reconnaissant la marocanité du Sahara occidental.
« Entre la France et l'Algérie, une guerre a été déclarée suite aux déclarations du président Macron. C'est de là que tout a commencé. »
Cette prise de position intervient dans un contexte de tensions croissantes entre Paris et Alger, marqué par des rappels d'ambassadeurs et des accusations mutuelles de déstabilisation.
Une grâce obtenue grâce à la médiation allemande
Le 12 novembre 2025, Boualem Sansal a finalement été libéré grâce à l'intervention de l'Allemagne, un allié traditionnel de la France au sein de l'Union européenne. Une décision qui pourrait s'inscrire dans une stratégie plus large de réconciliation entre les deux pays.
L'écrivain a appelé à un apaisement des relations franco-algériennes, tout en dénonçant les dérives autoritaires du régime algérien. « Il faut que la France et l'Algérie se parlent, mais pas au prix de la liberté d'expression », a-t-il déclaré.
Un symbole des tensions franco-africaines
Son cas illustre les tensions persistantes entre la France et ses anciennes colonies, exacerbées par les prises de position de Paris sur des sujets sensibles comme le Sahara occidental. Des experts estiment que cette affaire pourrait avoir des répercussions sur les relations économiques et sécuritaires entre les deux pays.
Alors que le gouvernement Lecornu II tente de redéfinir la politique africaine de la France, l'affaire Sansal rappelle les défis diplomatiques auxquels Paris doit faire face, notamment face à des régimes autoritaires comme celui d'Alger.