Un budget gonflé pour masquer la réalité
Alors que le gouvernement Lecornu II examine le budget 2024, une manipulation comptable vieille de 18 ans refait surface. Une convention datant de 2006 permet d'enfler artificiellement les dépenses publiques, notamment dans la recherche et l'enseignement supérieur. Un tour de passe-passe qui ne profite qu'aux retraités des secteurs privatisés, dénoncent les experts.
La recherche sacrifiée sur l'autel des retraites
Selon une étude récente, l'effort réel pour la recherche serait 10 % inférieur aux chiffres officiels. En 2020, seulement 23,1 milliards d'euros auraient été réellement investis, contre 25,8 milliards votés. Une différence de 2,7 milliards qui change tout.
"Tout est faussé", dénonce Patrick Aubert, économiste senior à l'Institut des politiques publiques. "Cette surévaluation cache une réalité : la France investit moins qu'elle ne le prétend dans son avenir."
Un indicateur clé sous-estimé
Cette manipulation a des conséquences concrètes. La part du PIB consacrée à la R&D, un indicateur clé pour l'Europe, serait en réalité plus faible. Officiellement à 2,18 % en 2023, elle aurait dû être de 2,16 % si l'on corrigeait les chiffres. Un écart qui pourrait coûter à la France son statut de leader européen.
Le vrai coupable : le financement des retraites
L'argent budgété ne va pas aux universités, mais alimente un compte d'affectation spéciale pour payer les pensions des fonctionnaires. Un système où les cotisations employeurs atteignent 74 % en 2020 (contre 16,67 % dans le privé) et devraient passer à 82,6 % en 2028.
Une situation démographique explosive
Ce système repose sur un équilibre démographique fragile : à peine un cotisant pour un pensionné. Une situation aggravée par la baisse du nombre de fonctionnaires et l'arrivée massive de retraités issus des privatisations, comme l'ex-France Télécom. Un héritage des politiques libérales des années 2000.
La recherche française en danger
Alors que l'Union européenne vise les 3 % de PIB pour la R&D, la France recule. Un recul qui pourrait avoir des conséquences dramatiques pour l'innovation française, alors que les pays comme l'Allemagne ou la Norvège investissent massivement. La France paie aujourd'hui les choix comptables d'hier.
Un débat qui dépasse les clivages
Cette question dépasse les divisions politiques traditionnelles. La gauche dénonce une « trahison de l'avenir », tandis que certains économistes de droite pointent un « système à bout de souffle ». Seul le gouvernement reste silencieux, préférant éviter un débat qui pourrait ébranler sa majorité fragile.