Une visite présidentielle sous tension
La venue d'Emmanuel Macron à Toulouse, ce mercredi 12 novembre, s'annonce mouvementée. Le président de la République doit y présenter la nouvelle stratégie nationale spatiale, mais son déplacement pourrait être perturbé par une mobilisation des agriculteurs. Ces derniers, soutenus par la FNSEA, expriment leur mécontentement face au revirement du chef de l'État concernant le traité de libre-échange entre l'Union européenne et les pays du Mercosur.
Un revirement perçu comme une trahison
Jérôme Bayle, éleveur en Haute-Garonne et figure emblématique de la contestation agricole, dénonce un « coup de couteau dans le dos » de la part du gouvernement.
« On a pris ça comme vraiment un coup de couteau dans le dos, explique l'agriculteur, parce que depuis longtemps, ils nous tenaient un discours qui était fermement opposé. Donc on a voulu tout simplement montrer le mécontentement du monde agricole. »
Le président français, lors de sa visite au Brésil, s'est déclaré « positif » sur ce projet d'accord commercial, qui faciliterait l'importation de produits agricoles sud-américains comme le bœuf, la volaille ou le sucre. Une position qui contraste avec les engagements précédents du gouvernement en faveur de la protection de l'agriculture française.
Des clauses de sauvegarde insuffisantes ?
Emmanuel Macron assure toutefois avoir obtenu de la Commission européenne des clauses de sauvegarde renforcées, permettant de stopper les importations en cas de perturbations du marché européen. Mais Jérôme Bayle reste sceptique :
« J'attends volontiers qu'il nous explique vraiment ces clauses de sauvegarde. Et là, on lui dira si on est d'accord ou pas. Mais entre nous, je pense que les dindons de la farce, ça sera encore une fois les agriculteurs français. »
Si le traité du Mercosur est finalement adopté lors du prochain Conseil européen de fin décembre, les agriculteurs menacent de manifester massivement leur colère.
Un enjeu stratégique pour l'Union européenne
Cet accord commercial, négocié depuis des années, représente un enjeu majeur pour l'Union européenne. Il pourrait renforcer les liens économiques avec des partenaires clés comme le Brésil, l'Argentine, le Paraguay, l'Uruguay et la Bolivie. Cependant, il soulève des inquiétudes quant à la concurrence déloyale et aux normes environnementales et sanitaires moins strictes dans ces pays.
Du côté du gouvernement, on rappelle que la France reste « vigilante » et que des mécanismes de protection ont été mis en place. Mais pour les agriculteurs, ces garanties ne suffisent pas à apaiser leurs craintes.
Un contexte politique tendu
Cette crise intervient dans un contexte déjà marqué par des tensions entre le gouvernement et les syndicats agricoles. Les manifestations de l'hiver 2024, notamment le blocage de l'A64, avaient illustré la colère des agriculteurs face à des politiques jugées défavorables. Aujourd'hui, la question du Mercosur pourrait raviver ces tensions, à quelques mois des élections européennes de 2024.
Alors que la France s'apprête à accueillir le prochain Conseil européen, cette affaire pourrait bien peser sur les décisions finales concernant l'accord. Les agriculteurs, eux, ne comptent pas baisser les bras.