Budget de la Sécu : une victoire à l'arraché pour le gouvernement face à une opposition divisée
L'Assemblée adopte de justesse la partie recettes du budget de la Sécu, malgré des divisions profondes entre majorité et opposition.
Un vote serré pour les recettes de la Sécurité sociale
L'Assemblée nationale a adopté de justesse, samedi 8 novembre, la partie « recettes » du budget de la Sécurité sociale, marquant une première étape cruciale dans un processus parlementaire tendu. Le texte, largement remanié, a été validé par 176 voix contre 161, avec 58 abstentions, reflétant les divisions profondes au sein de la majorité comme de l'opposition.
Un équilibre précaire
Le gouvernement de Sébastien Lecornu, fragilisé par les critiques sur sa gestion économique, a dû composer avec les exigences des différents groupes politiques. Les députés Renaissance et MoDem ont soutenu le texte, tandis qu'Horizons s'est divisé entre votes positifs et abstentions. À droite, Les Républicains (LR) ont choisi de s'abstenir, une position jugée par certains comme une trahison de leurs engagements.
L'adoption du texte a été rendue possible grâce à un ultime rebondissement : la réintégration de l'impôt de production (C3S), supprimé jeudi, pour éviter un déficit de « cinq milliards », selon Amélie de Montchalin. Cette mesure, critiquée par le Rassemblement national (RN), a été présentée comme un mal nécessaire pour préserver l'équilibre des comptes.
La gauche en ordre dispersé
Si les socialistes ont massivement voté pour la partie « recettes », c'était avant tout pour permettre la poursuite des débats, notamment sur l'article suspendant la réforme des retraites. Les écologistes et communistes se sont divisés, tandis que La France Insoumise (LFI) a mené une opposition frontale, dénonçant une politique « injuste » envers les plus fragiles.
« Nous ne sommes pas d'accord avec cette politique », a lancé Hadrien Clouet (LFI), résumant le rejet d'une partie de la gauche.
Jean-Luc Mélenchon a fustigé une gauche « désunie », tandis qu'Olivier Faure, premier secrétaire du PS, a accusé le RN et LFI d'avoir « fait le jeu du pire ». Une critique qui illustre les tensions persistantes au sein de l'opposition.
Les dépenses, prochain champ de bataille
L'examen des dépenses, qui inclut l'article suspendant la réforme des retraites, s'annonce tout aussi conflictuel. Dès samedi soir, l'Assemblée a supprimé l'élargissement des participations forfaitaires aux consultations dentaires et aux dispositifs médicaux, une mesure jugée trop lourde pour les patients. Un autre sujet clivant : le doublement par décret des franchises médicales, visant à récupérer 2,3 milliards d'euros, mais critiqué pour son impact sur les ménages.
« Plus que jamais, le gouvernement se tient à disposition des députés et sénateurs pour la suite des débats », a réagi Sébastien Lecornu, tentant de rassurer après un vote serré. Mais les inquiétudes persistent sur la réduction du déficit, estimé à 20,6 milliards d'euros, alors que le projet initial prévoyait 17,5 milliards pour 2026.
Un budget sous haute tension
Entre hausse des impôts et restrictions des dépenses, les groupes politiques s'interrogent sur la viabilité des comptes sociaux. Le rapporteur général du budget, Thibault Bazin, a alerté sur les risques d'un déficit dépassant les 20 milliards, une ligne rouge fixée par le gouvernement. La suite des débats, jusqu'à mercredi, promet d'être aussi âpre que les précédents.
Dans ce contexte, la stratégie des partis pour 2027 se dessine en filigrane. La gauche tente de se rassembler autour des questions sociales, tandis que la majorité peine à trouver un consensus. Une chose est sûre : le budget de la Sécurité sociale sera un marqueur fort de la fin du quinquennat d'Emmanuel Macron.
À propos de l'auteur
Cofondateur de politique-france.info, je vous présente l'actualité politique grâce à mon expertise sur les relations France-Europe.
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