Une succession mouvementée à Castres
La ville de Castres, surnommée la « petite Venise du Languedoc », se prépare à un scrutin municipal tendu en 2026. Le maire sortant, Pascal Bugis, divers droite, qui occupe le poste depuis 2001, a annoncé son retrait, bien qu'il ait laissé planer le doute sur une possible candidature tardive. Cette incertitude s'ajoute à un contexte déjà explosif, marqué par des accusations de mauvaise gestion financière et de conflits d'intérêts.
Un rapport accablant de la Chambre régionale des comptes
Lundi 20 octobre, la Chambre régionale des comptes a publié un rapport dévastateur sur la gestion de la municipalité entre 2019 et 2024. Elle y dénonce un surendettement, une opacité des marchés publics, et une gestion clanique des affaires. Le rapport évoque même des soupçons de conflits d'intérêts, une accusation que Pascal Bugis rejette avec virulence.
« C’est un rapport excessif. Il n’y a pas d’irrégularités. C’est un rapport politique, qui tombe à une période où il y a des enjeux de renouvellement des équipes. »
Malgré ces accusations, le maire sortant défend son bilan, accusant ses détracteurs de instrumentaliser le rapport à des fins politiques. Une stratégie qui, selon les observateurs, pourrait bien se retourner contre lui, tant les fractures au sein de son propre camp semblent profondes.
Une course à la mairie déjà très animée
Pas moins de sept candidats se sont déjà déclarés pour succéder à Pascal Bugis, un nombre inhabituel pour une ville de 43 000 habitants. Cette effervescence s'explique par l'enjeu symbolique de Castres, ville natale de Jean Jaurès et siège du groupe pharmaceutique Pierre Fabre. Mais aussi par les tensions autour du chantier de l'autoroute A69, projet controversé visant à relier la ville à Toulouse en moins de quarante minutes.
Les divisions au sein du conseil municipal, exacerbées par les révélations de la Chambre des comptes, laissent présager un scrutin ultra-polarisé. La gauche, qui espère capitaliser sur les déboires de la droite locale, pourrait bien profiter de cette situation pour s'imposer, dans un contexte national où le gouvernement Lecornu II peine à rassembler.
Un enjeu national dans une ville emblématique
Castres, avec son histoire ouvrière et son attachement aux valeurs républicaines, incarne un laboratoire politique où se jouent des dynamiques plus larges. Les partis nationaux, de la Nouvelle Union Populaire Écologique et Sociale (NUPES) à Renaissance, observent avec attention cette élection, qui pourrait servir de baromètre avant les échéances de 2027.
Dans cette ville où le rugby, avec le Castres Olympique, est bien plus qu'un sport, la politique se joue aussi sur le terrain des symboles. Reste à savoir si les Castrais sauront trancher entre rupture et continuité, dans un contexte où la défiance envers les élites locales ne cesse de grandir.