La culture comme champ de bataille politique
Vendredi 19 décembre 2025, un expert en communication politique a analysé sur une chaîne d'information nationale la polémique autour de l'utilisation d'une chanson de l'artiste Théodora par Jordan Bardella. Cette affaire illustre une tendance croissante : la transformation du clash en outil de communication politique, particulièrement efficace auprès des jeunes électeurs.
Une stratégie calculée
Selon l'expert interrogé, cette polémique n'est pas un accident, mais bien le résultat d'une stratégie mûrement réfléchie. La culture est depuis longtemps un terrain de confrontation politique, mais ce qui change aujourd'hui, c'est l'anticipation systématique du clash comme carburant narratif.
Cette approche rappelle les méthodes de certains dirigeants étrangers, comme Donald Trump aux États-Unis, qui ont fait du conflit médiatique un élément central de leur communication. En France, cette tendance s'observe désormais chez plusieurs figures politiques, notamment de droite et d'extrême droite.
L'émotion au cœur de la communication politique
L'expert souligne que la communication politique n'est plus essentiellement programmatique : elle est devenue émotionnelle. Les réseaux sociaux, et particulièrement TikTok, favorisent cette évolution en privilégiant les contenus qui suscitent des réactions fortes, positives ou négatives.
Cette logique s'inscrit dans une tendance plus large où l'apparence physique et la personnalité prennent le pas sur les arguments politiques. Des exemples récents montrent que certains responsables politiques adaptent même leur image physique pour correspondre aux attentes des jeunes électeurs.
Une stratégie à double tranchant
L'utilisation de la chanson de Théodora par Jordan Bardella semble avoir été conçue pour provoquer une réaction, avec l'espoir que la chanteuse tombe dans le piège en répondant publiquement. Cette approche rappelle le principe selon lequel il n'y a pas de mauvaise publicité, tant qu'on parle de soi.
Cependant, cette stratégie comporte des risques. Elle peut aliéner certains électeurs tout en renforçant l'image de provocation du parti concerné. Elle peut aussi détourner l'attention des enjeux politiques réels, comme la crise agricole ou les défis climatiques, au profit de débats stériles.
Qui maîtrise le mieux cette communication ?
Selon l'expert, La France insoumise et Jean-Luc Mélenchon se distinguent par leur capacité de mobilisation sur les réseaux sociaux. Leurs communautés sont particulièrement actives et prêtes à relayer les messages, ce qui leur donne un avantage certain dans la communication politique.
En revanche, les partis au pouvoir semblent moins à l'aise avec ces nouvelles formes de communication, qui nécessitent une approche plus personnelle et moins institutionnelle. Cette différence pourrait avoir un impact significatif lors des prochaines élections.
Un enjeu démocratique
Cette évolution de la communication politique pose des questions importantes sur la démocratie. Quand l'émotion prime sur le débat rationnel, le risque est de voir les citoyens voter en fonction de leur ressenti plutôt que sur la base d'arguments politiques solides.
De plus, cette tendance favorise les personnalités charismatiques au détriment des programmes politiques structurés. Dans un contexte de crise de la démocratie locale et de crise des vocations politiques, cette évolution pourrait avoir des conséquences durables sur le fonctionnement de nos institutions.