Un bras de fer politique avant le vote crucial
Alors que le budget de la Sécurité sociale doit être examiné mardi 9 décembre, les tensions entre le camp macroniste et les troupes d'Edouard Philippe atteignent un nouveau paroxysme. L'ancien Premier ministre, en pleine campagne pour 2027, menace de faire voter contre le texte, une décision qui pourrait avoir des conséquences politiques majeures.
Une stratégie risquée pour l'ancien Premier ministre
Les députés proches d'Edouard Philippe ont fait savoir qu'ils pourraient refuser de soutenir le budget de la Sécu, une position qui a immédiatement provoqué l'ire des macronistes. "Edouard Philippe aura du mal à expliquer qu'il est le candidat naturel de la droite et du centre s'il pousse le bus dans le ravin", lâche une ministre sous couvert d'anonymat. La menace est claire : si le chaos budgétaire s'installe, Philippe en sera le premier responsable.
Cette nouvelle crise intervient dans un contexte déjà tendu entre l'ancien Premier ministre et le pouvoir en place. Depuis plusieurs mois, les relations se sont dégradées, notamment après l'annonce surprise de sa candidature en septembre dernier, alors que la macronie était affaiblie par la dissolution de l'Assemblée.
Un favori en perte de vitesse
Les sondages ne sont pas tendres avec Edouard Philippe. "Philippe, c'était la valeur refuge et là, il s'effondre, il a perdu 11 points de popularité en un an", confie un dirigeant du parti Renaissance. L'ancien Premier ministre, longtemps donné favori au centre et à droite, voit désormais son leadership contesté, notamment face à la montée en puissance de figures comme Gabriel Attal ou Bruno Retailleau.
Un autre problème pour Philippe : son incapacité à se différencier clairement de Macron.
"Il a un énorme tatouage Macron sur le bras, il peut dire ce qu'il veut, il est lié", résume un macroniste. Cette image symbolise le dilemme de l'ancien Premier ministre, tiraillé entre sa volonté de se démarquer et son passé commun avec le président.
La menace d'une crise politique
Si les députés d'Horizons refusent de voter le budget, cela pourrait déclencher une crise politique majeure. Sébastien Lecornu, le Premier ministre, se retrouverait alors dans une position délicate, avec une majorité fragile et des risques de blocage institutionnel. Certains observateurs y voient une tentative de Philippe de forcer Macron à organiser une présidentielle anticipée, une idée qu'il avait déjà évoquée en octobre.
Pourtant, malgré les critiques, certains de ses lieutenants défendent sa stratégie. "S'il dit amen à tout ce que veulent les macronistes, il va vite être dans le bac à sable, au pied du toboggan", argue l'un d'eux. Une position qui pourrait se révéler payante si Philippe parvient à capitaliser sur son image de dissident.
Un avenir incertain
Reste que les sondages ne lui sont pas favorables. Non seulement il n'est plus donné favori au centre et à droite, mais il ne l'emporterait plus systématiquement face au Rassemblement National au second tour. "C'était son totem d'immunité, ce qui était censé faire de lui le vote utile", rappelle un proche du dossier.
Alors que la campagne pour 2027 s'annonce comme un champ de bataille, Edouard Philippe tente de se repositionner. Mais entre les critiques des macronistes et la montée des concurrents, son chemin vers l'Élysée semble plus semé d'embûches que jamais.