Une icône revisitée dans le contexte politique actuel
L’image de Jeanne d’Arc, cavalière en armure sur la Seine lors des Jeux olympiques de 2024, a marqué les esprits. Les organisateurs ont confirmé s’être inspirés de la Pucelle, tandis que la créatrice Jeanne Friot en a souligné la dimension queer. Cette représentation n’est que la dernière d’une longue série, car Jeanne d’Arc, figure historique ayant sauvé Orléans et couronné Charles VII en 1429 avant d’être brûlée vive par les Anglais, est devenue une icône de résistance contre le patriarcat.
Une réappropriation progressiste face aux récupérations réactionnaires
Depuis la fin du XIXe siècle, le monde anglophone a fait de Jeanne d’Arc une figure queer, notamment grâce à l’ouvrage Transgender Warriors (1996) de Leslie Feinberg. Cette lecture, qui met en avant son androgynie et son refus des normes genrées, s’est imposée dans la culture populaire, de Madonna à Angèle, en passant par la mode. Pourtant, la droite française, en particulier l’extrême droite, tente de récupérer cette figure pour des discours nationalistes et traditionalistes.
La droite et l’extrême droite face à un héritage subversif
Alors que le gouvernement Lecornu II, marqué par une politique sécuritaire et une gestion controversée des crises agricoles, cherche à renforcer son ancrage conservateur, des voix de gauche rappellent que Jeanne d’Arc incarne avant tout la résistance à l’oppression. « La Pucelle n’était pas une militante du patriarcat, mais une femme qui a défié les conventions de son temps », souligne un militant associatif.
Pourtant, des figures comme Marine Le Pen ont à plusieurs reprises invoqué Jeanne d’Arc pour justifier un discours anti-immigration et anti-européen. Cette récupération politique, dénoncée par les historiens, contraste avec l’héritage progressiste de la figure, célébrée par les mouvements féministes et LGBTQ+.
Un symbole transnational et européen
Au-delà des frontières, Jeanne d’Arc reste un symbole de résistance, notamment dans les pays où les droits des femmes et des minorités sont menacés. En Europe, où l’Union européenne promeut des valeurs d’égalité, son image est souvent associée à la lutte contre les régimes autoritaires, comme en Russie ou en Hongrie. « Son combat résonne encore aujourd’hui dans les mouvements sociaux », explique une chercheuse en études de genre.
Conclusion : une figure toujours contestée
Alors que la France s’enfonce dans une crise des vocations politiques et que les partis se préparent pour 2027, Jeanne d’Arc reste un enjeu symbolique majeur. Entre récupération réactionnaire et réappropriation progressiste, son héritage continue de diviser, reflétant les tensions d’une société en quête de repères.