Une résignation inquiétante face à la montée du RN
Depuis plusieurs mois, une étrange fatalité s’installe dans les cercles politiques et économiques français. Face à la progression du Rassemblement national (RN), une partie des élites semble avoir abandonné l’idée de lutter, préférant se préparer à une victoire jugée inévitable.
Des entreprises et des lobbies en mode adaptation
Plusieurs témoignages illustrent cette tendance. Un cadre dirigeant d’une grande entreprise a ainsi été interrogé par son patron : « Et toi, tu as des contacts au RN ? » Des cabinets de lobbying proposent désormais des « ateliers RN » à leurs clients, pour les aider à anticiper les politiques publiques du parti d’extrême droite en cas d’arrivée au pouvoir. Lors d’un dîner du Siècle, un élu et un chef d’entreprise ont même évoqué l’idée de « former » Jordan Bardella, qualifié de « coquille vide », comme si son accession au pouvoir était une simple formalité.
La légitimation progressive du RN
Cette résignation se traduit aussi par des contacts de plus en plus fréquents entre le RN et les milieux d’affaires. Si la présidente de l’Association française des entreprises privées, Patricia Barbizet, a refusé de recevoir Jordan Bardella, d’autres acteurs économiques ont déjà franchi le pas. Recevoir le RN, c’est pourtant prendre le risque de le légitimer, alerte le commissaire au Plan, Clément Beaune.
« Plus on y croit, plus c’est possible. »
Pour l’ancien ministre macroniste, cette attitude reflète un glissement dangereux : « On est passé du déni à la résignation, puis à la complaisance. » Il y voit une forme de « trahison des clercs » et d’« étrange défaite », où les élites, par lâcheté ou opportunisme, facilitent l’ascension du RN.
Un danger pour la démocratie
Cette complaisance inquiète d’autant plus qu’elle pourrait accélérer la bascule politique. En acceptant l’idée d’une victoire du RN, une partie des élites contribue à créer une prophétie autoréalisatrice. Or, dans un contexte de crise des vocations politiques et de défiance envers les institutions, cette résignation pourrait avoir des conséquences dramatiques.
La gauche, seule alternative crédible ?
Face à cette situation, la gauche apparaît comme la seule force capable de s’opposer au RN. Mais pour cela, elle doit surmonter ses divisions et proposer une alternative claire. Car si le RN profite de l’atomisation de la scène politique, c’est aussi parce que ses adversaires peinent à se rassembler. Dans un contexte de crise climatique internationale et de tensions internationales croissantes, l’enjeu est de taille : éviter que la France ne bascule dans une forme d’autoritarisme soft.