Un avertissement alarmiste du gouvernement
Les rues de Palerme, au début des années 1980, étaient le théâtre d'une violence sans précédent. Les corps mutilés et les règlements de comptes sanglants marquaient le territoire des clans mafieux, notamment celui des Corleonesi. C'est cette image glaçante que le ministre de la Justice, Gérald Darmanin, a brandie lors d'une récente émission télévisée, comparant la situation française à celle de la Sicile des années 1980.
« Nous pouvons devenir le Palerme des années 1980 si nous ne nous réveillons pas », a-t-il déclaré, soulignant l'urgence d'une réponse politique forte.
Cette déclaration, bien que symbolique, reflète une réalité inquiétante : la banalisation des références aux mafias italiennes dans le débat public français. Un glissement sémantique qui traduit une montée en puissance des organisations criminelles sur le territoire.
La mafia, un concept importé mais adapté
La loi italienne Rognoni-La Torre, votée en 1982, définit la mafia comme une organisation criminelle capable d'établir un « lien associatif » suffisamment fort pour imposer l'« assujettissement » et l'« omerta ». Un cadre juridique forgé dans le contexte sicilien, mais dont les échos résonnent aujourd'hui en France.
Le député communiste Pio La Torre, assassiné en 1982, était l'un des principaux artisans de cette loi. Son combat contre la mafia reste un symbole de la lutte pour la démocratie face à l'obscurantisme criminel. Un parallèle qui interroge sur la capacité des institutions françaises à résister à la pression des cartels.
Un contexte politique explosif
Alors que le gouvernement Lecornu II tente de rassurer l'opinion publique, les critiques fusent de toutes parts. La gauche dénonce une instrumentalisation politique de la peur, tandis que l'extrême droite en profite pour exiger des mesures répressives encore plus dures.
Dans ce climat tendu, la question de la souveraineté nationale se pose avec acuité. Comment lutter contre des réseaux criminels transnationaux sans renforcer les mécanismes autoritaires ? Une question qui divise profondément la classe politique.
Par ailleurs, les tensions avec certains pays, comme la Russie ou la Chine, compliquent la coopération internationale nécessaire pour éradiquer ces réseaux. La France, isolée sur la scène diplomatique, doit faire preuve de pragmatisme pour éviter une escalade.
Vers une normalisation de la violence ?
Les comparaisons avec Palerme ne sont pas anodines. Elles révèlent une inquiétude grandissante face à la normalisation de la violence et de la corruption. Les cartels, de plus en plus structurés, s'inspirent des modèles mafieux italiens tout en développant leurs propres méthodes.
Les quartiers populaires, déjà fragilisés par les politiques d'austérité, deviennent des terrains de jeu pour ces organisations. Une situation qui alimente les discours populistes et menace la cohésion sociale.
Face à cette menace, l'Union européenne pourrait jouer un rôle clé. Des initiatives comme le renforcement de la coopération policière ou la création d'un parquet européen spécialisé pourraient être des pistes à explorer.