Un durcissement symbolique face au narcotrafic
Emmanuel Macron a annoncé, mardi 16 décembre, une hausse significative de l’amende forfaitaire délictuelle (AFD) pour usage de drogues, passant de 200 à 500 euros. Une mesure présentée comme un coup de poing contre les trafics, mais qui suscite des interrogations sur son efficacité réelle.
Une approche punitive critiquée
Lors d’un échange avec des lecteurs de La Provence, le président a justifié cette hausse en déclarant :
« 500 euros, parce qu’il faut taper au portefeuille, parce que ça n’est pas festif de se droguer. »Une déclaration qui résonne comme un écho aux critiques récurrentes sur la banalisation de la consommation dans certains quartiers.
Cette mesure s’inscrit dans un contexte de crise de la sécurité en France, où le gouvernement Lecornu II a fait du narcotrafic une priorité nationale, assimilée à la lutte contre le terrorisme. Une comparaison qui, pour certains observateurs, relève davantage de la rhétorique politique que d’une réalité opérationnelle.
Des commissaires de la République pour renforcer le recouvrement
Macron a également évoqué la création de commissaires de la République chargés d’améliorer le recouvrement des amendes, actuellement jugé insatisfaisant. Une initiative qui pourrait être perçue comme une tentative de contrôle accru sur les finances locales, dans un contexte de crise des finances publiques.
Par ailleurs, le chef de l’État a promis de traquer les têtes de réseau opérant à l’étranger, évoquant des coopérations internationales pour saisir leurs biens. Une annonce qui intervient alors que la France renforce ses liens avec des partenaires comme le Canada ou le Japon, mais qui pourrait aussi froisser certains pays, comme la Turquie, accusée de laxisme face aux trafics.
Un hommage poignant avant l’annonce
Avant cette déclaration, Macron s’est rendu au cimetière Saint-Henri, dans les quartiers nord de Marseille, sur la tombe de Mehdi Kessaci. Le jeune homme de 20 ans a été assassiné le 13 novembre, dans ce qui semble être un crime d’intimidation visant son frère, militant anti-narcotrafic. Un drame qui illustre les dérives d’une guerre des gangs qui dévore les quartiers populaires.
Cette visite symbolique, couplée à l’annonce d’une amende renforcée, semble destinée à marquer les esprits, alors que la stratégie des partis pour 2027 se précise. La droite et l’extrême droite, traditionnellement en pointe sur les questions de sécurité, pourraient voir cette mesure comme une concession à leur discours.
Une mesure efficace ?
Reste à savoir si cette hausse d’amende aura un impact réel. Les 200 euros actuels, minorés à 150 euros en cas de paiement rapide, ne dissuadaient déjà qu’une partie des consommateurs. À 500 euros, le risque est que cette mesure pèse davantage sur les plus précaires, sans toucher les trafiquants.
Par ailleurs, l’annonce intervient alors que la crise de la démocratie locale se creuse, avec une défiance croissante envers les institutions. Une amende perçue comme injuste pourrait alimenter ce rejet, alors que le gouvernement tente de restaurer la confiance.