Un modèle unique menacé par les dogmes libéraux
Alors que le projet de loi de finances 2025 est examiné, le Centre national du cinéma et de l'image animée (CNC) fait l'objet d'attaques frontales de la part de certains députés de droite. Présenté comme une « gabegie » ou un financeur de « films non rentables », ce modèle unique au monde est pourtant un pilier de la souveraineté culturelle française.
Un financement vertueux, mais incompris
Contrairement aux idées reçues, le CNC ne coûte pas un euro au budget de l'État. Il est financé par le cinéma lui-même, via les billets de cinéma, les abonnements des plateformes, les recettes publicitaires et les fournisseurs d'accès. Un modèle vertueux où chaque séance contribue à financer les films de demain, sans solliciter l'impôt des Français.
Ce choix, soutenu de manière transpartisane depuis l'après-guerre, visait à garantir à la France une indépendance de création face aux industries étrangères déjà dominantes. Aujourd'hui encore, il demeure l'un des rares outils permettant à un pays européen de ne pas abandonner son imaginaire aux seules grandes plateformes et aux majors extra-européennes.
Une politique industrielle stratégique
Le crédit d'impôt, souvent décrié par les libéraux, n'est pas un « luxe culturel », mais une politique industrielle stratégique. Un euro de dépense fiscale génère plusieurs euros de dépenses en France. Derrière chaque film, il y a des auteurs, des techniciens, des artistes (plus de 200 000 emplois directs), mais aussi des centaines de métiers qui en bénéficient : hôteliers, restaurateurs, transporteurs, commerçants.
« Le CNC protège un bien commun essentiel : l'accès de tous au cinéma, indépendamment d'un abonnement, d'un équipement ou d'un algorithme. »
Un réseau unique menacé
Grâce au CNC, la France dispose d'un maillage de plus de 6 300 écrans, des multiplexes aux salles de village, des cinémas de quartier aux circuits itinérants. Ce réseau unique au monde permet à chacun, en ville comme en zone rurale, d'entrer dans une salle pour quelques euros, sans filtre numérique. La salle de cinéma est un lieu collectif, accessible et intergénérationnel.
Mais aujourd'hui, ce modèle est menacé par des amendements visant à réduire ou supprimer le CNC. Une attaque frontale contre la culture française, qui pourrait ouvrir la voie à une domination culturelle américaine et chinoise, déjà bien avancée dans d'autres secteurs.
Dans un contexte de crise de la souveraineté industrielle française, le CNC apparaît comme un rempart essentiel contre l'hégémonie culturelle étrangère. Une question qui devrait être au cœur des débats pour 2027.