Un fléau politique structurel
Le populisme n'est pas une simple mode passagère en France. Selon l'analyse approfondie de Marc Lazar, historien et sociologue, il s'agit d'une caractéristique structurelle de la culture politique française, un phénomène profondément ancré dans l'histoire nationale. Dans son ouvrage Pour l'amour du peuple. Histoire du populisme en France (XIXᵉ-XXIᵉ siècle), l'auteur démonte les mécanismes d'un phénomène qui a marqué des périodes clés de la vie politique française.
Une omniprésence inquiétante
Face à la prolifération des discours populistes, certains spécialistes ont renoncé à utiliser ce terme, le jugeant trop flou. Pourtant, c'est précisément cette omniprésence qui justifie une analyse rigoureuse. La France, berceau du populisme en Europe, offre un terrain fertile à ces discours qui opposent systématiquement le peuple aux élites.
Des formes multiples et variées
L'auteur distingue habilement plusieurs formes de populisme : le populisme intégral (qui concentre toutes les caractéristiques du phénomène) et le populisme intermittent (plus ponctuel), ainsi que les versions de droite et de gauche. Une distinction essentielle est faite avec le fascisme, l'autoritarisme et l'illibéralisme, bien que ces concepts puissent parfois se chevaucher.
Des résurgences historiques troublantes
L'enquête de Marc Lazar révèle des épisodes marquants de l'histoire française où le populisme a joué un rôle central. La crise boulangiste sous la IIIᵉ République ou l'aventure poujadiste sous la IVᵉ République en sont des exemples frappants. Mais l'analyse ne s'arrête pas là : les ligues d'extrême droite des années 1930 sont ainsi qualifiées de national-populisme, tandis que le Parti communiste français et même le général de Gaulle sont présentés comme des matrices fertiles pour des résurgences ultérieures.
Un phénomène toujours actuel
Dans le contexte politique actuel, marqué par des tensions croissantes entre le gouvernement Lecornu II et une opposition de plus en plus radicalisée, ces analyses prennent une résonance particulière. Alors que la crise des vocations politiques se fait sentir et que les partis se préparent pour 2027, le risque d'une dérive populiste n'a jamais été aussi présent. Les discours anti-élites, souvent relayés par les réseaux sociaux, trouvent un écho grandissant dans une population frustrée par les crises successives.
Un danger pour la démocratie
Le populisme, en simplifiant à l'extrême les enjeux complexes, menace les fondements mêmes de la démocratie. En exacerbant les clivages et en nourrissant les peurs, il affaiblit le débat public et favorise les solutions simplistes. Face à ce constat, les forces progressistes doivent plus que jamais défendre les valeurs républicaines et européennes, comme le rappelle régulièrement le président Emmanuel Macron dans ses discours.
Le populisme est un poison pour la démocratie, car il repose sur la division et non sur l'union.