L'Assemblée adopte une mesure historique pour les étrangers : le renouvellement automatique des titres de séjour

Par Mathieu Robin 12/12/2025 à 05:24
L'Assemblée adopte une mesure historique pour les étrangers : le renouvellement automatique des titres de séjour

L'Assemblée adopte le renouvellement automatique des titres de séjour malgré l'opposition du gouvernement, dans un contexte de tensions croissantes.

Une victoire de la gauche face à un gouvernement en déroute

Jeudi 11 décembre 2025, l'Assemblée nationale a franchi un pas décisif en adoptant, contre l'avis du gouvernement Lecornu II, une proposition de loi visant à automatiser le renouvellement des titres de séjour longue durée. Portée par la députée socialiste Colette Capdevielle, cette mesure répond à une « injustice criante » dénoncée depuis des années par les associations de défense des droits des étrangers.

Le texte, adopté par 98 voix contre 37, a bénéficié d'une union inédite des groupes de gauche, tandis que le camp gouvernemental et l'extrême droite ont fait preuve d'une mobilisation « timide », selon les observateurs. Une victoire symbolique pour les socialistes, qui s'inscrit dans une série de succès législatifs obtenus grâce à une stratégie d'alliances à gauche.

Un système administratif « qui fabrique de la précarité »

Dans un hémicycle tendu, Colette Capdevielle a fustigé un système « dysfonctionnel » où « plus de 99 % des demandes sont accordées », mais où les délais d'instruction s'allongent de manière intolérable.

« Nous réussissons l'exploit d'emboliser un système pour moins de 1 % des dossiers »,
a-t-elle lancé, évoquant les files d'attente interminables, les plateformes saturées et les ruptures de droits qui plongent des familles entières dans la précarité.

La députée a rappelé que ces dysfonctionnements entraînaient des « pertes d'emploi », des « impossibilités de louer un logement » et des « interruptions de couverture maladie », avant de dénoncer un système qui « fabrique des sans-papiers ».

Le gouvernement en ordre dispersé

Face à cette offensive, la ministre déléguée Marie-Pierre Vedrenne a tenté de défendre la position gouvernementale, reconnaissant des « délais dégradés » mais invoquant des « risques juridiques et constitutionnels » liés à l'automaticité des renouvellements. Elle a également jugé la mesure « inefficace », estimant qu'elle ne réduirait pas les délais et déplacerait simplement la charge de travail.

Une argumentation qui n'a pas convaincu la gauche, ni les associations, pour qui cette réforme s'inscrit dans une logique de « simplification administrative » et de « justice sociale ».

Des débats houleux et des accusations croisées

Les échanges ont rapidement dégénéré, avec des accusations de « laxisme » de la part de l'extrême droite, et des réponses cinglantes de la gauche. Laurent Jacobelli (Rassemblement national) a ainsi lancé :

« Vous êtes en train de créer un grave danger »,
accusant les socialistes de « vouloir faire croire qu'ils sont à nouveau de gauche » après leur vote du budget de la Sécurité sociale.

Une pique à laquelle Colette Capdevielle a répliqué avec fermeté :

« Pas l'un d'entre vous n'a apporté une once de solution, ni humanisme, ni réalisme. En fait, vous êtes tous simplement très, très racistes. »

Une journée marquée par d'autres avancées sociales

Dans la même veine, l'Assemblée a adopté plusieurs autres propositions de loi portées par la gauche, dont deux visant à mieux protéger les mineurs. La première, votée à l'unanimité, garantit un avocat à chaque enfant placé ou suivi par les services sociaux. Une mesure saluée après la révélation d'une vidéo choquante montrant un enfant tondu par des éducateurs dans un foyer parisien.

Les députés ont également voté en faveur du maintien de certaines protections pour les jeunes isolés évalués majeurs, ainsi que la pérennisation de l'encadrement des loyers, un dispositif expérimenté dans 72 collectivités et censé s'achever en novembre 2026.

Un gouvernement sous pression

Cette série de défaites législatives pour le gouvernement Lecornu II intervient dans un contexte de « crise des vocations politiques », où l'exécutif peine à imposer son agenda. Une situation qui pourrait s'avérer délicate à l'approche des élections de 2027, alors que la gauche semble avoir retrouvé une dynamique.

À propos de l'auteur

Mathieu Robin

Cofondateur de politique-france.info, je vous présente l'actualité politique grâce à mon expertise sur les relations France-Europe.

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Commentaires (7)

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La Clusaz

il y a 1 jour

Dans le Sud-Ouest, on a besoin de main-d'œuvre, mais pas de précarité administrative !

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Hermès

il y a 2 jours

D'un côté, c'est une avancée sociale, mais de l'autre, il faut aussi penser aux services publics saturés...

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Loïc-29

il y a 2 jours

L'Allemagne fait pareil depuis des années, et ça marche ! La France a toujours 10 ans de retard...

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Fragment

il y a 2 jours

Selon l'INSEE, 80% des renouvellements sont déjà accordés. Cette mesure simplifie juste l'administration.

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WebSurfer

il y a 2 jours

@fragment Les chiffres, toujours les chiffres... Et les gens dans tout ça ? Paris est déconnecté !

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Gradation

il y a 2 jours

C'est un pas en avant pour les droits des étrangers, mais ça reste un pansement sur une jambe de bois...

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Épistémè

il y a 2 jours

En Bretagne, on sait gérer l'immigration avec pragmatisme. Pourquoi Paris ne nous écoute jamais ?

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Renard Roux

il y a 2 jours

Encore une mesure irresponsable qui va aggraver les tensions sociales. La France ne peut pas accueillir toute la misère du monde !!!

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Robert T.

il y a 2 jours

@renard-roux La misère du monde, c'est surtout celle créée par vos politiques d'austérité ! Cette mesure est juste et humaine.

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