L’entrisme, arme politique de l’ombre : de Trotski à l’islamisme, une tactique qui divise

Par Mathieu Robin 10/12/2025 à 07:23
L’entrisme, arme politique de l’ombre : de Trotski à l’islamisme, une tactique qui divise

L’entrisme, tactique d’infiltration trotskiste, est aujourd’hui utilisé pour dénoncer des « ennemis de l’intérieur ». Retour sur son histoire et ses usages contemporains.

Une tactique politique aux multiples visages

L’entrisme, terme autrefois cantonné aux cercles trotskistes, est aujourd’hui une accusation récurrente dans le débat politique français. Cette stratégie d’infiltration, initialement conçue pour contourner l’isolement des militants révolutionnaires, s’est transformée en un outil de dénonciation, notamment contre l’islamisme radical. Mais son histoire, profondément liée à l’extrême gauche, révèle une complexité souvent occultée.

Des origines ouvrières à la stratégie d’influence

En 1934, Léon Trotski, alors exilé en France, incite les membres de la Ligue communiste à infiltrer la Section française de l’Internationale ouvrière (SFIO). L’objectif ? Créer une tendance bolchevique-léniniste au sein du parti socialiste. Une manœuvre audacieuse, mais éphémère.

Après la Seconde Guerre mondiale, l’entrisme évolue. Les trotskistes, cette fois, infiltrent le Parti communiste en cachant leur véritable allégeance. Une tactique qui se poursuit dans les années 1970 avec les lambertistes, visant à peser sur le Parti socialiste. L’exemple le plus notable reste celui de Lionel Jospin, recruté par l’Organisation communiste internationaliste (OCI) alors qu’il était élève à l’ENA. Une révélation qui éclaire les zones d’ombre de la vie politique française.

Un héritage controversé

Pour Denis Sieffert et Laurent Mauduit, auteurs de Trotskisme. Histoires secrètes. De Lambert à Mélenchon, l’entrisme relève d’une ambition mesurée :

« Peser un peu, mais en restant une organisation de l’ombre. »
Une stratégie qui, selon eux, a façonné des pans entiers de la gauche française.

Mais aujourd’hui, le terme est détourné. Utilisé pour dénoncer des « ennemis de l’intérieur », il alimente les polémiques, notamment sur la question de l’islamisme. Une récupération qui brouille les frontières entre tactique politique et paranoïa sécuritaire.

Un débat qui dépasse les clivages

Alors que la France traverse une crise des vocations politiques, l’entrisme resurgit comme un symbole des manipulations supposées. Une accusation qui, loin de se limiter à l’extrême gauche, touche désormais tous les partis. Dans un contexte de montée des populismes, cette tactique devient un enjeu de transparence démocratique.

Entre héritage historique et instrumentalisation actuelle, l’entrisme reste un sujet brûlant. Un débat qui interroge la légitimité des méthodes politiques et la frontière entre influence et trahison.

À propos de l'auteur

Mathieu Robin

Cofondateur de politique-france.info, je vous présente l'actualité politique grâce à mon expertise sur les relations France-Europe.

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Commentaires (3)

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Trégor

il y a 2 minutes

L'entrisme trotskiste était une réponse à la répression. Aujourd'hui, le dénoncer pour l'islamisme, c'est une instrumentalisation politique. On voit bien qui ça sert...

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tregastel

il y a 34 minutes

Ah, encore un sujet qui fait trembler les élites... L'entrisme, c'est juste la preuve que tout le monde veut infiltrer tout le monde. La politique, un jeu de dupes depuis toujours.

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P

Prologue48

il y a 57 minutes

L'entrisme est une tactique ancienne mais toujours d'actualité. Il faut distinguer l'infiltration stratégique d'une simple paranoïa politique. Les deux cas existent, et il faut les analyser avec nuance.

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