Un partenariat renouvelé sous haute surveillance
Le président Emmanuel Macron entame dimanche 23 novembre une visite au Gabon, deux ans après la chute de la dynastie Bongo. Une étape clé dans sa tournée africaine, alors que la France tente de redéfinir ses relations avec un continent où son influence s’effrite.
Un dialogue « d’égal à égal » ?
Emmanuel Macron rencontrera le président Brice Oligui Nguema, ancien putschiste élu en avril après une transition politique de dix-neuf mois. L’Élysée parle d’un « dialogue renouvelé », mais les observateurs soulignent que les inégalités structurelles persistent. Le général Oligui, dont l’élection a été saluée par des observateurs internationaux, incarne une rupture avec le passé – ou une continuité déguisée ?
La France face à ses démons coloniaux
Le Gabon, ancien pilier de la Françafrique, reste un partenaire stratégique. Pourtant, Macron avait promis en 2023 que cette époque était « révolue ». La réalité est plus nuancée : la présence militaire française, réduite à une centaine d’hommes, se concentre désormais sur la formation des forces gabonaises. Un accord de défense renouvelé en janvier pourrait sceller cette nouvelle alliance.
Économie et écologie : les enjeux cachés
Les entreprises françaises, déjà bien implantées dans les hydrocarbures et le manganèse, espèrent profiter de cette visite pour consolider leurs positions. Parallèlement, l’Agence française de développement (AFD) finance la rénovation du Transgabonais, un projet pharaonique dans un pays où un tiers de la population vit sous le seuil de pauvreté. Une académie de protection de l’environnement, installée au camp de Gaulle, symbolise cette nouvelle approche « gagnant-gagnant » – ou un greenwashing diplomatique ?
Un continent en mutation
Alors que plusieurs pays du Sahel ont rompu avec Paris, le Gabon maintient des liens étroits. Mais cette visite intervient dans un contexte de crise des relations franco-africaines, où la France est accusée de néocolonialisme. Macron, qui prône une approche tournée vers les pays anglophones et la jeunesse africaine, devra convaincre que cette visite n’est pas un retour en arrière.