Une tournée africaine sous le signe des défis géopolitiques
Emmanuel Macron entame jeudi 20 novembre une tournée africaine de cinq jours, marquée par des enjeux diplomatiques et économiques cruciaux. Première étape : l'île Maurice, un modèle économique dans l'océan Indien, où le président français cherche à renforcer les liens avec un pays historiquement francophone mais dont les relations avec Paris se sont distendues.
Un partenariat « gagnant-gagnant » face aux ambitions étrangères
La visite à Maurice s'inscrit dans une stratégie visant à contrer l'influence croissante de la Chine, de la Russie et de l'Inde dans la région. Emmanuel Macron et le Premier ministre mauricien Navin Ramgoolam se rendront vendredi à bord du Champlain, un bâtiment de la marine française, pour souligner l'importance de la coopération sécuritaire face aux trafics illicites et aux migrations clandestines.
L'Agence française de développement signera par ailleurs des accords visant à sécuriser le réseau électrique mauricien, un enjeu majeur dans un contexte de changements climatiques de plus en plus violents. « C'est un pays qui est sorti en trente ans de la pauvreté pour être aujourd'hui aux portes des pays à revenus élevés », souligne l'Élysée, mettant en avant le rôle des entreprises françaises dans cette réussite.
Une politique africaine en quête de crédibilité
Alors que la France peine à maintenir son influence dans son ancien pré carré africain, cette tournée intervient dans un contexte de recul des échanges économiques et de montée des critiques contre la politique française, perçue comme paternaliste. Le retrait du Sahel, sous la pression des gouvernements locaux et d'une opinion publique de plus en plus hostile, a marqué un tournant.
En Afrique du Sud, où Macron assistera au sommet du G20, puis au Gabon et en Angola, le chef de l'État entend promouvoir un « partenariat gagnant-gagnant ». Mais cette approche, initiée lors du discours de Ouagadougou en 2017, reste contestée, notamment par les pays francophones, qui dénoncent une stratégie perçue comme divisive.
Un héritage colonial toujours pesant
La récente exfiltration de l'ex-président malgache Andry Rajoelina par la France a ravivé les tensions, illustrant les défis persistants de la diplomatie française en Afrique. « La volonté de se tourner vers l'Afrique anglophone est souvent mal perçue », note un analyste, soulignant que cette approche a été interprétée comme une abandon des alliances traditionnelles.
Alors que la France cherche à se repositionner, cette tournée sera scrutée pour sa capacité à redéfinir une relation équilibrée, loin des relents coloniaux tout en répondant aux attentes économiques des pays africains.
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