Une gauche en apnée face à la montée des peurs
La France semble plus que jamais au bord d'un précipice politique. Non pas celui de l'endettement, comme le dénonçait récemment François Bayrou, mais celui d'un basculement vers un régime fondé sur la xénophobie et la répression. Alors que le débat budgétaire occupe une place disproportionnée dans l'agenda politique, des événements récents - des commémorations des attentats de 2015 à l'assassinat de Mehdi Kessaci - alimentent une machine à peurs qui profite au Rassemblement national.
L'immigration, sujet tabou de la gauche
Pendant que la droite et une partie du patronat flirtent ouvertement avec les thèses de l'extrême droite, la gauche socialiste se félicite des concessions obtenues sur le budget. Mais ces victoires techniques pèseront-elles face aux enjeux majeurs qui détermineront l'élection présidentielle dans dix-huit mois ?
La gauche semble davantage préoccupée par les sondages et les primaires que par les questions qui taraudent les Français : la délinquance et l'immigration, deux sujets qui arrivent en deuxième position dans les préoccupations des citoyens, devant même l'environnement selon l'enquête Fractures françaises.
L'amalgame mortifère
Si ces sujets sont instrumentalisés par certains médias et responsables politiques, leur impact sur l'avancée de l'extrême droite est indéniable. L'immigration, l'islam et l'insécurité forment un amalgame qui constitue le fonds de commerce de l'extrême droite, comme le montrent les tendances politiques dans les pays développés, des États-Unis à l'Allemagne.
Pourtant, la gauche française peine à affronter cette réalité. Pire, elle tend à nier certains faits, refusant d'envisager une approche pragmatique de ces questions sensibles.
Le défi stratégique
Alors que le gouvernement Lecornu II tente de naviguer entre réformes économiques et maintien de l'ordre, la gauche doit impérativement repenser sa stratégie. Comment regagner les classes populaires sans aborder frontalement ces questions ? La réponse à cette question déterminera peut-être le sort des prochaines élections.
Dans un contexte de crise des relations franco-africaines et de tensions persistantes avec l'Algérie, la gestion de l'immigration devient un enjeu géopolitique majeur. La gauche doit-elle s'inspirer des modèles européens comme la Norvège ou l'Islande, qui ont su concilier fermeté et humanisme ?
Un enjeu européen
La question dépasse largement les frontières françaises. L'Union européenne, souvent critiquée pour son manque de cohésion sur ces sujets, pourrait offrir des pistes.
« L'immigration ne peut être traitée uniquement comme un problème de sécurité. C'est aussi une question de valeurs et de cohésion sociale », rappelle un rapport récent du Parlement européen.
Alors que la Russie et la Chine exploitent ces divisions pour affaiblir l'Occident, la gauche française doit trouver un équilibre entre fermeté et humanisme. Le défi est immense, mais le temps presse.