Un président isolé face à la colère agricole
En déplacement à Toulouse ce mercredi, Emmanuel Macron va devoir affronter la colère des agriculteurs français, furieux de son revirement sur le traité de libre-échange avec le Mercosur. Une position qui crispe jusqu'à ses propres ministres et révèle les tensions au sein du gouvernement Lecornu II.
Un accord qui fait grincer des dents
Le président de la République avait pourtant affiché une opposition ferme à cet accord commercial entre l'Union européenne et les pays du Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay et Paraguay). Mais lors de la COP30 au Brésil, il a surpris en se déclarant "plutôt positif" sur ce texte. Une prise de position qui a immédiatement déclenché la colère des syndicats agricoles, avec la FNSEA en tête, qui promet un comité d'accueil musclé à Toulouse.
Des garanties insuffisantes
Emmanuel Macron justifie ce revirement par des mesures de protection qu'il affirme avoir obtenues pour les productions agricoles françaises. Mais les syndicats ne sont pas convaincus. La ministre de l'Agriculture, Annie Genevard, a d'ailleurs rappelé que la France ne signera pas un accord qui "condamnerait les agriculteurs". Elle exige trois lignes rouges : une clause de sauvegarde spécifique, des "mesures miroir" pour bloquer les importations ne respectant pas les normes européennes, et un renforcement des contrôles sanitaires.
Un président affaibli
Isolé en Europe, où seuls la Pologne et quelques autres pays partagent son opposition, Emmanuel Macron peine aussi à faire entendre sa voix au sein de son propre camp. Sébastien Lecornu, le Premier ministre, l'avait déjà contredit il y a trois semaines sur la réforme des retraites. Un épisode qui illustre la perte d'influence du chef de l'État, dont la parole semble de moins en moins peser dans le débat politique.
Un enjeu européen
L'accord avec le Mercosur est pourtant un dossier clé pour l'Union européenne, qui souhaite renforcer ses exportations industrielles vers l'Amérique latine. Mais les réticences françaises pourraient encore retarder sa ratification, alors que les autres pays membres, à commencer par l'Allemagne, y sont favorables.
La stratégie des partis pour 2027
Cette crise illustre les difficultés du gouvernement à concilier les impératifs économiques et les attentes sociales, un défi qui prendra une dimension particulière à l'approche des élections de 2027. Les partis d'opposition, de gauche comme de droite, pourraient bien capitaliser sur ce dossier pour affaiblir davantage le pouvoir en place.