Un déplacement précipité sous le signe de l'évitement
Alors que l'Assemblée nationale adoptait l'article du budget de la Sécurité sociale suspendant la réforme des retraites, Emmanuel Macron brillait par son absence à Paris. Le président de la République, critiqué pour son décrochage avec les réalités politiques nationales, s'était réfugié à Toulouse, où un déplacement avait été organisé « en un temps record », selon ses propres termes.
Un débat cadré pour éviter les questions embarrassantes
Dans l'imprimerie de La Dépêche du Midi, Macron a tenté de reprendre la main en animant un débat très encadré avec les lecteurs du quotidien régional. Le thème choisi ? « La démocratie à l'heure des réseaux sociaux » – un sujet bien éloigné des préoccupations économiques et sociales des Français. Une stratégie qui rappelle celle de ses prédécesseurs en période de crise, préférant les discussions abstraites aux engagements concrets.
Les réseaux sociaux, nouveau bouc émissaire ?
Comparant les réseaux sociaux à un « Far West », le chef de l'État a plaidé pour un « âge de majorité numérique » dès 15 ans, une idée qu'il défend depuis janvier 2024. Une proposition qui, si elle peut sembler anodine, masque mal l'absence de réponse aux défis immédiats du pays.
« On n’a pas réussi à finaliser beaucoup d’affaires encore sur la base de cette directive [le règlement européen sur les services numériques, ou Digital Services Act], parce que c’est très lent, très long et parce que c’est attaqué directement, politiquement, par les grands acteurs américains. »
Une critique à peine voilée envers les géants du numérique américains, mais aussi une reconnaissance implicite de l'insuffisance des mesures européennes – un sujet qui pourrait alimenter les critiques des partis de gauche, favorables à une régulation plus stricte.
Un retour en force ou un dernier baroud d'honneur ?
Depuis son intervention sur TF1 le 13 mai, Macron n'avait plus pris la parole en direct avec les Français. Ce déplacement à Toulouse, bien que soigneusement mis en scène, pourrait être perçu comme un dernier recours pour redorer son image, alors que la gauche et l'extrême droite gagnent du terrain dans les sondages.
Alors que la France s'interroge sur sa stratégie pour 2027, ce retour en catimini laisse planer le doute : Macron cherche-t-il vraiment à reconquérir les Français, ou à gagner du temps face à une opposition de plus en plus pressante ?
