Retraites : le renoncement historique de Macron face à la pression parlementaire

Par Aurélie Lefebvre 13/11/2025 à 09:27
Retraites : le renoncement historique de Macron face à la pression parlementaire

L'Assemblée nationale a suspendu la réforme des retraites, marquant un renoncement politique historique pour Emmanuel Macron.

Un vote symbolique qui marque un tournant

L'Assemblée nationale a officialisé, mercredi 12 novembre, la suspension de la réforme des retraites, un projet phare du second quinquennat d'Emmanuel Macron. Adoptée par 255 voix contre 146, cette décision reflète un renoncement politique sans précédent, malgré le soutien initial du gouvernement Lecornu II. Les députés Renaissance se sont abstenus, tandis que les socialistes, les écologistes et même le Rassemblement national ont voté en faveur de cette suspension.

Une victoire pour la gauche, une défaite pour Macron

Pour les socialistes, cette suspension est une victoire :

"C'est pour tous ces hommes et ces femmes qui ont eu des carrières souvent difficiles. Une excellente nouvelle, et dont nous nous félicitons",
a déclaré Boris Vallaud, président du groupe PS à l'Assemblée. À l'inverse, les macronistes, bien que lucides sur les enjeux économiques, ont dû accepter ce compromis. Gabriel Attal, président du groupe Ensemble pour la République, a reconnu :
"Ce n'est évidemment pas de gaieté de cœur. [...] Mais nous sommes aussi lucides sur le fait que nous ne voulons pas nous mettre en travers du compromis."

Des alliances inattendues et des critiques acerbes

Les Républicains et les troupes d'Édouard Philippe ont voté contre, tout comme la France insoumise, qui dénonce une "arnaque". Mathilde Panot, présidente du groupe LFI, a fustigé :

"Voilà votre nouvelle arnaque, nous présenter comme une grande victoire, non pas la suspension, mais le décalage d'un an du calendrier d'application de la réforme Borne."
Le Rassemblement national, allié inattendu, s'est réjoui de cette division au sein de la majorité.

Un financement incertain et des questions en suspens

La suspension soulève des interrogations majeures. Le coût estimé à 300 millions d'euros en 2026 et 1,9 milliard en 2027 pose la question du financement. Mathieu Plane, économiste à l'OFCE, explique :

"Le problème, c'est que la hausse de la CSG est adoptée. Mais d'autres mesures prévues dans le projet de loi de finances et de sécurité sociale n'ont pas été adoptées."
Les personnes nées entre 1964 et le premier trimestre 1965 seront les premières concernées par ce report.

Un héritage politique en péril

En coulisses, l'entourage d'Emmanuel Macron reconnaît un renoncement à son héritage politique. Bien que le Premier ministre Sébastien Lecornu ait justifié cette décision par la stabilité, le président reste convaincu de la nécessité de travailler davantage. La suspension n'est pas définitive : le budget de la Sécurité sociale doit encore être adopté par le Sénat et l'Assemblée.

À propos de l'auteur

Aurélie Lefebvre

Lassée de ne pas avoirs d'informations fiables sur la politique française, j'ai décidé de créer avec Mathieu politique-france.info ! Je m'y consacre désormais à plein temps, pour vous narrer les grands faits politique du pays et d'ailleurs. Je lis aussi avec plaisir les articles de politique locale que VOUS écrivez :)

Votre réaction

Connectez-vous pour réagir à cet article

Publicité

Connectez-vous ou inscrivez-vous pour commenter.

Votre avis

Commentaires (8)

Connectez-vous ou inscrivez-vous pour commenter cet article.

É

Économiste curieux 2024

il y a 1 mois

D'après la Cour des comptes, le système actuel est insoutenable à moyen terme. Le report ne résout rien, il faut des solutions durables. Les chiffres sont têtus...

3
E

Eva13

il y a 1 mois

@economiste-curieux-2024 Tout à fait, mais la méthode compte aussi. Une réforme brutale sans dialogue social ne mène qu'à l'échec. Il faut trouver un équilibre.

0
R

Robert T.

il y a 1 mois

Une victoire des syndicats et des manifestants ! Enfin un gouvernement qui entend la colère sociale. Mais attention, ça ne doit pas être qu'un repli tactique...

-3
P

PKD-36

il y a 1 mois

@robert-t Je partage ton soulagement, mais soyons lucides : le problème du financement des retraites reste entier. Il faudra bien y revenir un jour.

0
V

veronique-de-saint-etienne

il y a 1 mois

En tout cas, ça va faire du bien aux territoires. Les élus locaux savent mieux que Paris ce dont on a besoin. Enfin un peu de bon sens !

2
M

Mortimer

il y a 1 mois

Enfin une décision qui montre que l'Europe aussi a des limites. Mais comparons avec l'Allemagne ou les Pays-Bas : là-bas, les réformes se font avec les syndicats, pas contre eux.

-2
B

Beauvoir

il y a 1 mois

@mortimer L'Europe ? Parlons plutôt des privilèges des politiques qui se foutent du peuple ! Macron a reculé parce qu'il a peur de la rue, pas par altruisme.

0
Z

Zénith

il y a 1 mois

Un recul nécessaire pour éviter une crise sociale plus grave. Macron a fait preuve de pragmatisme, même si cela peut décevoir ses partisans les plus ardents. La réforme des retraites méritait un vrai débat parlementaire.

6
Publicité