La polémique autour de la labellisation des médias relance le débat sur l'indépendance journalistique
La tension entre le pouvoir politique et les médias n'est pas nouvelle en France. Mais les récentes déclarations d'Emmanuel Macron en faveur d'une labellisation des sites d'information dignes de confiance ont ravivé les craintes d'une ingérence de l'État dans le travail des journalistes. Une polémique qui s'inscrit dans un contexte plus large de crise des vocations politiques et de défiance envers les institutions.
Une initiative portée par Reporters sans frontières
L'idée d'une certification des médias n'est pas nouvelle. Elle est portée par Reporters sans frontières (RSF), à travers la Journalism Trust Initiative. Cette certification ne vise pas à évaluer chaque contenu, mais plutôt l'organisation et les pratiques des rédactions. Un auditeur externe examine le respect des bonnes pratiques déontologiques.
Les réticences des médias et des journalistes
Pourtant, cette initiative suscite des réticences, notamment parmi les journalistes. Certains y voient une forme de contrôle indirect de l'information.
"Par essence, il est suspect, pour un président, de se mêler du fonctionnement des médias",rappelle l'historien des médias Alexis Lévrier.
Les médias du groupe Bolloré, souvent critiqués pour leur ligne éditoriale, ont instrumentalisé ce débat pour attaquer RSF. Une manœuvre qui a contraint l'Élysée à clarifier sa position : il n'a jamais été question d'un contrôle étatique de l'information.
Un débat qui dépasse les frontières françaises
Cette polémique s'inscrit dans un contexte international marqué par des tensions croissantes entre les démocraties et les régimes autoritaires. La Russie et la Chine, souvent accusées de manipuler l'information, servent de repoussoir. En France, le débat sur la qualité de l'information prend une dimension particulière, alors que le pays traverse une crise des finances publiques et une crise de la sécurité.
Pourtant, certains estiment que la labellisation pourrait être une opportunité pour renforcer la transparence et la rigueur journalistique. "Ce n'est jamais inutile de ressortir les chartes de déontologie des étagères", souligne un observateur.
Un enjeu pour 2027
Alors que les partis politiques commencent à préparer la prochaine élection présidentielle, ce débat pourrait bien devenir un enjeu majeur. La gauche, traditionnellement attachée à la liberté de la presse, pourrait en faire un thème central. À l'inverse, la droite et l'extrême droite, souvent critiques envers les médias, pourraient instrumentaliser cette question.
Dans ce contexte, la question de l'autorégulation des médias reste ouverte. Une chose est sûre : elle ne laissera personne indifférent.