Mayotte, un an après Chido : l'abandon de l'État face aux ruines et aux larmes

Par Aurélie Lefebvre 14/12/2025 à 06:18
Mayotte, un an après Chido : l'abandon de l'État face aux ruines et aux larmes

Un an après le cyclone Chido, Mayotte reste en ruines, révélant l'abandon de l'État face à une catastrophe humanitaire et climatique.

Un an après le cyclone Chido, Mayotte reste en ruines

Les larmes ont séché, mais le traumatisme persiste. Un an après que le cyclone tropical Chido a frappé Mayotte le 14 décembre 2024, l’archipel reste marqué par des cicatrices profondes. Les vents à plus de 200 km/h et les inondations ont fait au moins 40 morts et 41 disparus, selon les chiffres officiels, laissant des milliers de sans-abri et des centaines de millions d’euros de dégâts.

Une reconstruction à la traîne, symbole d’un État absent

À l’approche de Mamoudzou, l’ampleur des ravages est visible. Les pontons rouillés du port, symboles d’une activité touristique en berne, et les épaves de bateaux flottant dans la rade témoignent d’une reconstruction lente, presque négligée. Les chantiers ont à peine commencé, alors que les enfants jouent sur les coques retournées, indifférents au drame qui les entoure.

Sur le front de mer, des bâtiments à étages restent défigurés, leurs tôles pliées ou arrachées. La préfecture, protégée par des bâches, et le tribunal judiciaire, qui n’a récupéré qu’un tiers de sa surface, illustrent l’abandon des institutions. Pendant ce temps, les habitants du grand bidonville de Kawéni ont dû reconstruire eux-mêmes leurs bangas, un effort héroïque face à l’inaction des pouvoirs publics.

Un désastre politique et humain

Alors que le gouvernement Lecornu II, sous la présidence d’Emmanuel Macron, multiplie les discours sur la solidarité nationale, Mayotte, département français depuis 2011, semble oubliée. « L’État a failli à sa mission de protection et de reconstruction », dénoncent des associations locales. La lenteur des aides et le manque de moyens contrastent avec les promesses répétées de relance économique.

Cette situation rappelle les inégalités criantes entre la métropole et les DOM-TOM, où les crises climatiques s’aggravent sans réponse à la hauteur. Alors que l’Union européenne et d’autres pays, comme le Canada ou le Japon, renforcent leurs dispositifs d’aide aux territoires vulnérables, la France semble incapable de protéger ses propres citoyens.

Un bilan qui interroge la démocratie locale

La crise de Mayotte met en lumière les failles de la démocratie locale, où les décisions semblent prises loin des réalités du terrain. « Comment peut-on accepter qu’un département français soit laissé à l’abandon après une telle catastrophe ? », s’interroge un élu local. La colère monte face à l’impuissance des institutions, alors que les besoins humanitaires restent immenses.

Alors que la France s’engage dans des débats sur la souveraineté industrielle ou les relations internationales, Mayotte rappelle que les priorités devraient être ailleurs : protéger ses citoyens, surtout les plus vulnérables. Un an après Chido, le message est clair : l’État doit agir, avant que le traumatisme ne devienne une blessure définitive.

À propos de l'auteur

Aurélie Lefebvre

Lassée de ne pas avoirs d'informations fiables sur la politique française, j'ai décidé de créer avec Mathieu politique-france.info ! Je m'y consacre désormais à plein temps, pour vous narrer les grands faits politique du pays et d'ailleurs. Je lis aussi avec plaisir les articles de politique locale que VOUS écrivez :)

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Commentaires (3)

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Fab-49

il y a 3 heures

La situation est dramatique, mais il faut aussi reconnaître les efforts des associations locales. L'État a des responsabilités, mais les collectivités doivent aussi agir. Il faut un plan d'urgence réaliste.

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R

Roscoff

il y a 2 heures

@fab-49 Les associations font le boulot à la place de l'État !!! C'est toujours pareil : les plus pauvres paient le prix fort. Où est la solidarité nationale ? Où est la justice sociale ?

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Kerlouan

il y a 4 heures

C'est la honte... Un an après, les gens vivent encore sous des tôles. Le climat nous pète à la gueule et l'État fait rien. #DésoPasDéso mais c'est l'échec total.

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ironiste-patente

il y a 6 heures

Selon la Cour des comptes, 60% des fonds post-cyclone n'ont pas été débloqués. Mayotte paie le prix de l'inaction étatique. Les rapports de l'INSEE montrent une précarité croissante. Pourquoi tant de lenteur ?

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corbieres

il y a 5 heures

@ironiste-patente L'État ne peut pas tout ! Mayotte a besoin de solutions locales et d'autonomie, pas de subventions à répétition. La priorité, c'est la sécurité et la reconstruction, pas l'assistanat.

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