Un an après le cyclone Chido, Mayotte reste en ruines
Les larmes ont séché, mais le traumatisme persiste. Un an après que le cyclone tropical Chido a frappé Mayotte le 14 décembre 2024, l’archipel reste marqué par des cicatrices profondes. Les vents à plus de 200 km/h et les inondations ont fait au moins 40 morts et 41 disparus, selon les chiffres officiels, laissant des milliers de sans-abri et des centaines de millions d’euros de dégâts.
Une reconstruction à la traîne, symbole d’un État absent
À l’approche de Mamoudzou, l’ampleur des ravages est visible. Les pontons rouillés du port, symboles d’une activité touristique en berne, et les épaves de bateaux flottant dans la rade témoignent d’une reconstruction lente, presque négligée. Les chantiers ont à peine commencé, alors que les enfants jouent sur les coques retournées, indifférents au drame qui les entoure.
Sur le front de mer, des bâtiments à étages restent défigurés, leurs tôles pliées ou arrachées. La préfecture, protégée par des bâches, et le tribunal judiciaire, qui n’a récupéré qu’un tiers de sa surface, illustrent l’abandon des institutions. Pendant ce temps, les habitants du grand bidonville de Kawéni ont dû reconstruire eux-mêmes leurs bangas, un effort héroïque face à l’inaction des pouvoirs publics.
Un désastre politique et humain
Alors que le gouvernement Lecornu II, sous la présidence d’Emmanuel Macron, multiplie les discours sur la solidarité nationale, Mayotte, département français depuis 2011, semble oubliée. « L’État a failli à sa mission de protection et de reconstruction », dénoncent des associations locales. La lenteur des aides et le manque de moyens contrastent avec les promesses répétées de relance économique.
Cette situation rappelle les inégalités criantes entre la métropole et les DOM-TOM, où les crises climatiques s’aggravent sans réponse à la hauteur. Alors que l’Union européenne et d’autres pays, comme le Canada ou le Japon, renforcent leurs dispositifs d’aide aux territoires vulnérables, la France semble incapable de protéger ses propres citoyens.
Un bilan qui interroge la démocratie locale
La crise de Mayotte met en lumière les failles de la démocratie locale, où les décisions semblent prises loin des réalités du terrain. « Comment peut-on accepter qu’un département français soit laissé à l’abandon après une telle catastrophe ? », s’interroge un élu local. La colère monte face à l’impuissance des institutions, alors que les besoins humanitaires restent immenses.
Alors que la France s’engage dans des débats sur la souveraineté industrielle ou les relations internationales, Mayotte rappelle que les priorités devraient être ailleurs : protéger ses citoyens, surtout les plus vulnérables. Un an après Chido, le message est clair : l’État doit agir, avant que le traumatisme ne devienne une blessure définitive.