Un recul tactique sous pression politique
Le Premier ministre Sébastien Lecornu a annoncé mercredi 26 novembre la suspension de la hausse controversée de la taxe foncière, un projet qui devait frapper 7,4 millions de logements dès 2026. Cette décision intervient après une semaine de vives critiques venues de tous bords, y compris au sein de la majorité présidentielle.
Une pause pour calmer la grogne
Face à l'ampleur des réactions, Lecornu a justifié cette suspension par la nécessité de "réfléchir à une nouvelle méthode" de calcul, évoquant une approche plus territoriale. "Il faut changer de méthode à court et long terme", a-t-il déclaré au Sénat, sans préciser si cette réforme serait abandonnée ou simplement reportée.
Un projet mal ficelé depuis le début
Le ministère de l'Économie avait pourtant confirmé le 18 novembre son intention d'actualiser les critères de confort des logements, ce qui aurait mécaniquement entraîné une hausse moyenne de 63 euros par an. Une mesure d'autant plus mal perçue qu'elle intervenait en pleine préparation du budget 2024, déjà marqué par des tensions sur le pouvoir d'achat.
Les collectivités locales dans le viseur
Le gouvernement avait tenté de se rattraper en promettant de consulter les élus locaux, mais cette annonce tardive n'a pas suffi à apaiser les critiques. "Ce n'est pas le moment" d'annoncer de telles mesures, avait déjà reconnu le ministre de la Ville et du Logement, Vincent Jeanbrun, mardi. Une position qui reflète les divisions au sein même de la majorité.
Une réforme qui cache un problème plus profond
Derrière ce recul se profile une question plus large : celle de la fiscalité locale, souvent jugée injuste et opaque. Les associations de propriétaires dénoncent depuis des années un système qui pénalise les ménages modestes tout en favorisant les plus aisés. Une réforme profonde semble nécessaire, mais le gouvernement semble pour l'instant privilégier les demi-mesures.
Et après ?
Le Premier ministre a évoqué un calendrier de réflexion jusqu'à mai ou juin 2024, mais rien ne garantit que cette pause sera suivie d'une véritable remise à plat. Les propriétaires, eux, restent sur leurs gardes, craignant une nouvelle annonce brutale dans quelques mois.