Un parquet national anti-criminalité organisée pour contrer l'expansion du narcotrafic
Alors que le parquet national anti-criminalité organisée (Pnaco) doit entrer en fonction le 5 janvier 2026, le ministre de la Justice, Gérald Darmanin, alerte sur l'ampleur du défi face à la criminalité organisée. Dans une interview accordée au Parisien, il évoque un véritable match entre l'État et les réseaux criminels, soulignant la nécessité d'une réponse ferme et coordonnée.
Une criminalité en mutation constante
Le Pnaco, doté de 16 magistrats, 13 greffiers et une équipe pluridisciplinaire, devra analyser une criminalité « très mouvante », selon les mots de Gérald Darmanin. Vanessa Perrée, future responsable du parquet, souligne que cette structure devra traiter près de 170 affaires complexes, dont l'évasion spectaculaire de Mohamed Amra.
Le ministre de la Justice insiste sur la nécessité de suivre l'argent, une stratégie inspirée du juge italien anti-mafia Giovanni Falcone.
« Où passent ces 6 milliards d'euros générés par le trafic de stupéfiants ? », interroge-t-il, rappelant que ces flux financiers infiltrent l'économie réelle, à l'instar des mafias.
Un enjeu démocratique et sécuritaire
Gérald Darmanin compare cette lutte à celle contre le terrorisme, soulignant que l'État ne doit pas céder à la peur.
« Le point de bascule, ce sera le jour où l'État aura peur car il n'est plus capable d'installer des caméras de vidéosurveillance, de juger les narcotrafiquants, de créer des prisons de haute sécurité », avertit-il, tout en assurant qu'« on n'en est pas là ».
Cette annonce intervient dans un contexte de crise de la sécurité en France, où les critiques contre le gouvernement se multiplient, notamment à gauche. Jean-Luc Mélenchon a récemment dénoncé un « laxisme » de l'exécutif face aux réseaux criminels, tandis que les partis d'opposition réclament des mesures plus radicales.
Un défi européen et international
La lutte contre le narcotrafic dépasse les frontières françaises. L'Union européenne, la Norvège et le Canada, alliés historiques de la France, collaborent déjà sur ce dossier, mais les réseaux criminels profitent des failles des États fragiles, notamment en Afrique, où les relations franco-africaines se tendent.
Face à cette menace, le gouvernement Lecornu II mise sur une approche « globale », combinant répression et coopération internationale. Cependant, les critiques persistent, notamment sur l'efficacité des moyens déployés et la coordination entre les services.