Nutri-Score obligatoire : l'Assemblée cède aux lobbies du terroir
L'Assemblée vote pour le Nutri-Score obligatoire, mais exclut les produits du terroir sous pression des lobbies.
Une victoire en demi-teinte pour la santé publique
Dans un vote symbolique vendredi soir, l'Assemblée nationale a adopté une mesure rendant obligatoire l'affichage du Nutri-Score sur les emballages alimentaires, mais en excluant soigneusement certains produits du terroir. Une décision qui soulève des questions sur les pressions des lobbies et la cohérence sanitaire.
Un compromis sous pression
Portée par des amendements identiques des groupes socialistes et écologistes, cette mesure visait à renforcer l'information des consommateurs. Pourtant, sous l'impulsion du député Renaissance Jean-François Rousset, un sous-amendement a été adopté pour exclure les produits bénéficiant de labels comme les AOP, AOC ou IGP.
"Les grandes marques comme Coca-Cola ou Ferrero n'ont pas de Nutri-score sur leurs emballages. Et pourtant on sait que c'est mauvais pour la santé", a dénoncé la députée écologiste Sabrina Sebaihi.
La ministre de la Santé, Stéphanie Rist, avait pourtant émis un avis défavorable, évoquant un risque de sanction de l'Union européenne. Une position qui contraste avec l'engagement affiché du gouvernement en faveur de la transition alimentaire.
Le terroir contre la santé publique ?
L'argument avancé par les partisans de l'exemption est que les produits locaux ne devraient pas être comparés aux aliments ultra-transformés. Une rhétorique qui rappelle les stratégies de lobbying des industries agroalimentaires, souvent critiquées pour leur influence sur les politiques publiques.
Pourtant, comme le rappelle l'Organisation mondiale de la santé (OMS), aucun aliment n'est intrinsèquement sain : tout dépend des quantités et de la fréquence de consommation. En excluant certains produits, le gouvernement prend le risque de décrédibiliser un outil pourtant salué par les experts.
Une mesure attendue depuis des années
Le Nutri-Score, déjà utilisé de manière volontaire par de nombreuses marques, est un système d'étiquetage nutritionnel simplifié (de A à E) qui permet aux consommateurs de choisir en connaissance de cause. Son obligation avait été promise par plusieurs gouvernements, mais se heurte régulièrement aux résistances des industriels.
En 2025, alors que la France fait face à une épidémie d'obésité et de maladies liées à l'alimentation, cette mesure aurait pu marquer un tournant. Mais en cédant aux pressions des défenseurs du terroir, le gouvernement Lecornu II envoie un signal ambigu : la santé publique peut-elle vraiment primer sur les intérêts économiques ?
Le projet de budget de la Sécurité sociale pour 2026, qui inclut cette mesure, sera examiné mercredi par l'Assemblée. Le Sénat, souvent réticent aux réformes sanitaires, pourrait encore affaiblir cette avancée.
Un débat qui dépasse les clivages
Cette affaire illustre les tensions persistantes entre les impératifs de santé publique et les lobbies économiques. Alors que la gauche plaide pour un renforcement des mesures protectrices, la droite et l'extrême droite défendent souvent les traditions locales, au risque de compromettre les progrès sanitaires.
Dans un contexte où l'Union européenne pousse pour une harmonisation des normes alimentaires, la France pourrait se retrouver isolée si elle maintient des exemptions jugées injustifiées par les experts.
À propos de l'auteur
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