Un compromis sous pression
Alors que le gouvernement Lecornu II s'apprête à voter la suspension de la réforme des retraites ce jeudi 12 novembre, une nouvelle concession est annoncée : l'extension de cette suspension aux carrières longues. Une mesure qui répond aux exigences du Parti Socialiste, dans un contexte de tensions croissantes à l'Assemblée nationale.
Les boulangers en première ligne
Arnaud Delmontel, 57 ans, patron de cinq boulangeries, incarne ces travailleurs dont les droits pourraient être préservés. Ayant commencé à 16 ans, il pourrait bénéficier d'un départ anticipé, peut-être même trois mois plus tôt. Pourtant, sa préoccupation va bien au-delà de l'âge de départ :
"Trois mois, pourquoi pas je prends, mais la question ce n’est pas 'à quel âge partons ?'. C’est : 'combien touchera-t-on ?'"
Une inquiétude partagée par de nombreux Français, alors que le coût de cette suspension pourrait atteindre 2 milliards d'euros en 2027.
Un calcul politique risqué
Cette annonce s'inscrit dans une stratégie plus large du gouvernement pour éviter la censure du budget de la Sécurité sociale. Jérôme Guedj, député PS de l'Essonne, salue cette "parole donnée", mais les critiques fusent déjà sur l'opacité des calculs.
"Je trouve que c'est très anxiogène parce qu'on entend beaucoup de choses de tous les bords, qu'il existe en plus une règle, mais qu'il y a plein d'exceptions", déplore Arnaud Delmontel, résumant un malaise plus large face aux revirements successifs.
L'Europe observe, la droite s'indigne
Alors que Bruxelles suit de près l'évolution de la dette française, l'opposition de droite dénonce un "cavalier seul" budgétaire. Pourtant, cette concession pourrait bien être le prix à payer pour maintenir une fragile majorité parlementaire, dans un paysage politique de plus en plus fragmenté.
Avec cette suspension, c'est désormais toute la réforme des retraites qui est reportée, ouvrant un nouveau front dans la bataille des stratégies pour 2027.