Un empire économique sous le feu des projecteurs
À 91 ans, Bernard Hayot, figure emblématique des békés martiniquais, incarne un pouvoir économique et social qui défie le temps. Son groupe, GBH, est devenu un géant des DOM-TOM, avec 18 000 employés et un chiffre d'affaires dépassant les 5 milliards d'euros en 2024. Pourtant, derrière cette success story se cache une réalité plus sombre : des accusations d'entente illicite, d'abus de position dominante et même d'escroquerie en bande organisée.
Une enquête judiciaire qui éclabousse l'Outre-mer
L'ouverture d'une information judiciaire le 29 août 2024, à la demande du Parquet national financier, marque un tournant. Deux juges d'instruction sont désormais chargés d'éclaircir les pratiques du groupe Hayot, accusé de participer activement à la « vie chère » en Outre-mer. Une situation qui a alimenté les tensions sociales, notamment lors des manifestations de l'automne 2024, où les prix des produits alimentaires en Guadeloupe étaient en moyenne 42 % plus élevés qu'en métropole.
Un système économique contesté
Le groupe Hayot, qui contrôle 52 % de son chiffre d'affaires via la grande distribution (franchises Carrefour, Mr Bricolage, Decathlon) et 37 % dans l'automobile (concessions Renault), est accusé de pratiques anticoncurrentielles. Des accusations qui soulèvent des questions sur la souveraineté économique des territoires ultramarins et leur dépendance à des conglomérats locaux.
La réponse politique : entre silence et communication
Face à la montée des critiques, le gouvernement Lecornu II, sous la présidence d'Emmanuel Macron, a jusqu'ici adopté une attitude prudente. Pourtant, la gauche, notamment Jean-Luc Mélenchon, a saisi l'occasion pour dénoncer un « système oligarchique » qui perpétue les inégalités.
« L'Outre-mer ne peut plus être le terrain de jeu des privilèges coloniaux »,a-t-il déclaré lors d'un rassemblement à Fort-de-France en novembre 2024.
Un enjeu démocratique et social
Cette affaire s'inscrit dans un contexte plus large de crise de la démocratie locale, où les territoires ultramarins peinent à faire entendre leur voix. Les accusations contre le groupe Hayot révèlent les tensions entre développement économique et justice sociale, un débat qui pourrait influencer les stratégies des partis pour 2027.
Vers une réforme du modèle économique outre-mer ?
Alors que l'Union européenne et les institutions françaises observent de près cette affaire, certains experts appellent à une refonte des règles de concurrence dans les DOM-TOM. Une réforme qui pourrait s'inspirer des modèles norvégiens ou islandais, où la protection des consommateurs est une priorité.