Un hommage controversé au maréchal Pétain à Verdun
Le préfet de la Meuse, Xavier Delarue, a annoncé son intention de porter plainte pour des propos révisionnistes tenus en marge d'une messe en l'honneur du maréchal Pétain, samedi 15 novembre. Cet événement, organisé dans l'église Saint-Jean-Baptiste de Verdun, a suscité une vive polémique, notamment en raison des déclarations du président de l'Association pour défendre la mémoire du maréchal Pétain (ADMP), Jacques Boncompain.
Une cérémonie sous haute surveillance
Malgré l'arrêté municipal interdisant la cérémonie, le tribunal administratif de Nancy a annulé cette décision, permettant la tenue de la messe. Le préfet s'était entretenu avec le prêtre pour s'assurer du respect de la loi de 1905 sur la séparation des Églises et de l'État, interdisant toute prise de parole politique. Cependant, à la sortie de l'église, Boncompain a déclaré devant des journalistes que Pétain avait été "le premier résistant de France", une affirmation jugée inacceptable par de nombreux observateurs.
"Vous n’avez pas peur des poursuites", lui a lancé une manifestante, alors que des policiers surveillaient la conversation.
Des propos révisionnistes et des tensions
Boncompain a également contesté l'équité du procès de Pétain en 1945, provoquant des réactions indignées parmi les manifestants. Un militant d'extrême droite, Pierre-Nicolas Nups, ancien candidat aux législatives sous la bannière du Parti de la France, a interprété le chant "Maréchal nous voilà", ajoutant à la tension. Le préfet envisage également de porter plainte contre deux individus liés à ce parti pour harcèlement des forces de l'ordre.
Une mobilisation citoyenne contre l'extrémisme
À l'extérieur, une centaine de manifestants, dont plusieurs élus locaux, ont protesté pacifiquement en chantant la Marseillaise. Parmi eux, le maire de Verdun, Samuel Hazard (divers gauche), a exprimé son indignation : "Je suis profondément heurté, parce que je pense à toutes les victimes de la barbarie nazie et de la révolution nationale." Une paroissienne, Mariette Descamps, a quant à elle brandi une pancarte "Catho pas facho", symbolisant le rejet de l'instrumentalisation politique de la religion.
Un contexte historique lourd
Philippe Pétain, héros de la Première Guerre mondiale, a été condamné à mort en 1945 pour collaboration avec l'Allemagne nazie et frappé d'indignité nationale. Cet épisode rappelle les débats persistants sur la mémoire de la Seconde Guerre mondiale en France, où certains groupes tentent encore de réhabiliter des figures controversées.
La réponse des autorités
Le gouvernement, par la voix du Premier ministre Sébastien Lecornu, a réaffirmé son attachement aux valeurs républicaines et à la lutte contre les dérives révisionnistes. Cette affaire intervient dans un contexte de montée des extrêmes en Europe, où des mouvements nostalgiques des régimes autoritaires cherchent à se légitimer.