Une messe controversée en hommage à Philippe Pétain
Quelques jours après les commémorations de l'Armistice, une messe en mémoire de Philippe Pétain a suscité une vive controverse à Verdun, en Meuse. Organisée le samedi 15 novembre, cette cérémonie a rassemblé une vingtaine de personnes, rapidement huées par une centaine de manifestants venus exprimer leur indignation.
Des opposants déterminés
Sur le trottoir d'en face, des manifestants scandent des slogans comme "Pas de facho à Verdun, pas de messe pour Pétain". Parmi eux, Stéphane Pelletier dénonce fermement la réhabilitation de la mémoire du maréchal :
"On ne peut pas accepter que la mémoire de Pétain soit réhabilitée après ce qu'il a fait au cours de la Seconde Guerre mondiale, dont la collaboration avec le régime nazi."
Une paroissienne, bien que catholique, exprime son désaccord :
"Catho mais pas facho. Pétain a fait basculer la France, il a emmené beaucoup de gens en camps de concentration. En tant que chrétien, ce n'est pas possible."
Un contexte historique lourd
Philippe Pétain, héros de Verdun pendant la Première Guerre mondiale, a ensuite collaboré avec l'Allemagne nazie. Frappé d'indignité nationale en 1945, son héritage reste profondément divisé. Le maire de Verdun, Samuel Hazard (DVG), avait initialement interdit la messe, mais le tribunal administratif l'a finalement autorisée, estimant qu'il n'y avait pas de risques de trouble à l'ordre public.
Le maire campe sur ses positions :
"Le combat que l'on mène est un combat pour défendre les principes et les valeurs de la République. Et moi, je ne peux pas transiger avec ces principes et ces valeurs."
Des partisans de Pétain en minorité mais déterminés
À l'issue de la messe, les participants, une vingtaine, ont été hués. Leur association, Pour défendre la mémoire du maréchal Pétain, défend une vision révisionniste de l'histoire. Jacques Boncompain, membre de l'association, rejette les critiques des historiens :
"'Les' historiens ? Qu'est-ce que c'est ?".
Il s'en est suivi un plaidoyer de 15 minutes en faveur de Philippe Pétain, malgré les condamnations unanimes de la communauté historique.
Des réactions politiques et judiciaires
Le préfet de la Meuse a annoncé qu'il porterait plainte pour propos révisionnistes. Pour le ministre de l'Intérieur, ces positions sont "contraires à notre mémoire collective".
Cette polémique intervient dans un contexte de tensions accrues autour de la mémoire nationale, alors que la France commémore les 80 ans des événements de la Seconde Guerre mondiale.
Un débat qui dépasse Verdun
Cette affaire relance le débat sur la place de la mémoire de la collaboration dans l'histoire française. Alors que certains tentent de réhabiliter des figures controversées, les opposants rappellent l'importance de défendre les valeurs républicaines.
Dans un pays où les divisions politiques sont exacerbées, cette polémique illustre les tensions persistantes autour de l'interprétation de l'histoire et de l'identité nationale.
