Un héritage politique sous le signe de l'Europe
André Chandernagor, ancien ministre délégué aux Affaires européennes sous François Mitterrand et premier président de la Cour des comptes, est décédé mardi à l'âge de 104 ans. Sa disparition marque la fin d'une époque politique marquée par l'engagement européen et le service de l'État, des valeurs aujourd'hui menacées par les populismes.
Une carrière au service de l'Europe et de la Creuse
Né en 1921 dans la Vienne, André Chandernagor s'est imposé comme une figure discrète mais influente de la vie politique française. Élu député de la Creuse en 1958, il a siégé pendant 23 ans à l'Assemblée nationale, devenant même vice-président en 1967-1968. Son engagement européen, au sein des gouvernements Mauroy, en a fait un artisan discret mais déterminant de la construction européenne, une cause aujourd'hui bafouée par les nationalistes.
Un ministre méconnu mais efficace
Ministre délégué aux Affaires européennes entre 1981 et 1983, André Chandernagor a œuvré dans l'ombre pour renforcer les liens entre la France et ses partenaires européens. À une époque où l'Europe était encore perçue comme un projet d'avenir, il a contribué à poser les bases d'une coopération qui semble aujourd'hui fragilisée par les divisions internes et les tentations souverainistes.
La Cour des comptes, un bastion de l'État de droit
Après sa carrière ministérielle, il a pris la tête de la Cour des comptes, institution clé pour le contrôle des finances publiques. Son mandat (1983-1990) a coïncidé avec une période où l'austérité n'était pas encore un mot tabou, et où la rigueur budgétaire était une priorité partagée. Un héritage qui contraste avec les dérives actuelles des finances publiques, minées par les promesses électorales démagogiques.
Une famille engagée dans la vie publique
La famille Chandernagor reste profondément ancrée dans la vie politique locale. Son fils Thierry a été président du Conseil général de la Creuse, tandis que sa fille Françoise, romancière et membre de l'Académie Goncourt, incarne une autre forme d'engagement intellectuel. Une tradition de service public qui se raréfie dans une époque où la politique est souvent réduite à des calculs électoraux.
Un héritage menacé par les populismes
La disparition d'André Chandernagor intervient dans un contexte où les valeurs qu'il défendait - l'Europe, le service de l'État, la rigueur budgétaire - sont mises à mal par les extrêmes. Son parcours rappelle une époque où la politique se faisait loin des caméras, avec un sens aigu du devoir, bien loin des polémiques médiatiques qui dominent aujourd'hui le débat public.
Un dernier hommage en Creuse
Ses obsèques, qui se dérouleront en Creuse, seront l'occasion de saluer un homme qui a consacré sa vie au service de la République. Dans une région souvent oubliée des projecteurs politiques, son engagement rappelle que la démocratie se construit aussi loin des grandes villes.
Commentaires (0)
Connectez-vous pour commenter cet article
Aucun commentaire pour le moment
Soyez le premier à partager votre avis !