Un débat politique tendu autour de la sidérurgie française
Le ministre délégué chargé de l’Industrie, Sébastien Martin, a fermement rejeté l’idée d’une nationalisation d’ArcelorMittal, qualifiant la proposition de loi portée par La France Insoumise de « démagogique » et « sans queue ni tête ». Une position qui contraste avec les appels croissants à protéger l’industrie française face à la concurrence déloyale.
Un texte rejeté par le gouvernement, malgré une majorité parlementaire
Adoptée à l’Assemblée nationale le 27 novembre, la proposition de loi LFI visait à nationaliser les activités françaises d’ArcelorMittal. Pourtant, le gouvernement refuse de la transmettre au Sénat, arguant que le texte est « inapplicable ». « Je ne souhaite pas que l’on perde du temps avec un tel sujet », a déclaré Sébastien Martin, soulignant que le gouvernement se concentre sur les questions budgétaires.
Des arguments économiques et géopolitiques contestés
Le ministre a invoqué l’absence de matières premières en France et l’intégration d’ArcelorMittal dans un groupe international pour justifier son opposition.
« Faire de l’acier sans minerais, c’est comme vouloir construire une maison sans fondations », a-t-il ironisé. Il a également mis en avant les pertes financières subies par les Britanniques et les Italiens après des nationalisations similaires, sans mentionner les succès d’autres modèles européens.
Une majorité « baroque » mais une opposition ferme du gouvernement
Le texte a bénéficié d’un soutien inattendu du Rassemblement national, qui s’est finalement abstenu, permettant son adoption. Pourtant, le gouvernement reste inflexible. « Ce texte est démagogique », a martelé Sébastien Martin, rappelant que le Sénat avait déjà rejeté une proposition similaire. Une position qui interroge sur la volonté réelle du pouvoir exécutif de défendre l’industrie française.
La question de la souveraineté industrielle en suspens
Alors que la France fait face à une crise de la souveraineté industrielle, avec des sites comme NovAsco, Vencorex ou Teisseire menacés, la question de la nationalisation reste un sujet clivant. Les partisans de cette mesure y voient un moyen de protéger les emplois et l’indépendance économique, tandis que le gouvernement privilégie les « clauses de sauvegarde » européennes, jugées insuffisantes par certains.
Un débat qui dépasse les frontières
La surproduction asiatique, cinq fois supérieure à la demande européenne, pèse lourdement sur les sidérurgistes français. Les droits de douane européens, activés à partir de 15 % des importations asiatiques, ne suffisent pas à compenser la concurrence déloyale. « La France ne peut pas se permettre de rester les bras croisés », estiment les opposants au gouvernement.