La gauche relance le débat sur la nationalisation d'ArcelorMittal
Jeudi 27 novembre, La France insoumise (LFI) présente à l'Assemblée nationale une proposition de loi visant à nationaliser partiellement les activités françaises d'ArcelorMittal. Ce texte intervient dans un contexte de tensions sociales accrues, marqué par un plan social de 636 suppressions de postes annoncé en avril dernier par le géant sidérurgique.
Une mobilisation populaire en soutien au texte
À l'appel de la CGT, quelque 400 salariés, venus des sites du Nord et de Moselle, sont attendus dès 11h00 sur l'esplanade des Invalides pour soutenir la proposition. Certains prendront place dans les tribunes de l'Assemblée, où LFI entend "faire entrer les revendications populaires dans l'hémicycle".
Un enjeu de souveraineté industrielle
Pour LFI, la nationalisation est "l'unique solution" pour sauver la filière et ses 15.000 emplois directs. Aurélie Trouvé, porteuse du texte, alerte sur la nécessité de relancer la décarbonation des hauts-fourneaux, faute de quoi l'acier français deviendrait non rentable dès 2030. Le coût estimé de cette opération, chiffré à trois milliards d'euros, suscite l'opposition du gouvernement.
Un combat historique de la gauche
L'idée de nationalisation n'est pas nouvelle. En 1974, François Mitterrand proposait déjà la nationalisation des banques et de certaines industries. En 1982, la gauche au pouvoir nationalisait notamment le groupe sidérurgique Usinor. Trente ans plus tard, en 2012, François Hollande se rendait à l'usine d'ArcelorMittal en Moselle, promettant de défendre la filière. Pourtant, en novembre 2012, le Premier ministre Jean-Marc Ayrault écartait l'hypothèse d'une nationalisation transitoire, une décision que les Insoumis qualifient aujourd'hui de "trahison".
Un gouvernement réticent face à la souveraineté économique
Jeudi 27 novembre, Aurélie Trouvé défend son texte en affirmant : "Nous défendons la souveraineté économique et industrielle de la France. Il n'y a pas d'autres possibilités que de nationaliser". Cette position s'inscrit dans un contexte plus large de débat sur la stratégie industrielle française, face à une droite et une extrême droite souvent réticentes à toute interventionnisme économique.
Un enjeu européen et international
La question de la nationalisation d'ArcelorMittal s'inscrit également dans un cadre européen, où la transition écologique et la relance industrielle sont des priorités. Face à la concurrence des pays comme la Chine ou les États-Unis, la France doit-elle renforcer son contrôle sur ses filières stratégiques ? La réponse pourrait influencer les stratégies des autres États membres de l'Union européenne.