Une victoire symbolique pour la gauche, mais des obstacles à venir
L'Assemblée nationale a franchi un cap historique jeudi 27 novembre en adoptant, en première lecture, une proposition de loi de La France insoumise (LFI) visant à nationaliser ArcelorMittal France. Le texte a été voté par 127 voix contre 41, avec le soutien des groupes de gauche et l'abstention du Rassemblement national. Cependant, son avenir reste incertain, notamment face à un Sénat dominé par la droite et le centre.
Un débat qui dépasse les clivages politiques
La nationalisation d'ArcelorMittal, chiffrée à trois milliards d'euros, suscite des réactions contrastées. Le gouvernement, mené par le Premier ministre Sébastien Lecornu, s'est opposé à cette mesure, estimant que la bataille se joue à Bruxelles. Le ministre de l'économie, Roland Lescure, a souligné que « ce n'est pas parce que l'État va faire un chèque de 3 milliards que l'on va changer la compétitivité ».
De son côté, Jean-Luc Mélenchon, leader de LFI, a salué sur X « une page d'histoire à l'Assemblée nationale ». Pour les insoumis, cette nationalisation est « l'unique solution » pour sauver la filière et ses 15 000 emplois directs, tout en relançant la décarbonation des hauts-fourneaux.
La mobilisation syndicale en première ligne
À l'appel de la CGT, quelque 200 salariés d'ArcelorMittal, venus des sites du Nord et de Moselle, ont manifesté dans la matinée sur l'esplanade des Invalides. Fumigènes et pétards ont résonné sur cette place située à proximité de l'Assemblée, symbolisant la colère des travailleurs face aux délocalisations.
La secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, a dénoncé « la politique du carnet de chèques en blanc », rappelant que « dix ans d'aides publiques, c'est la nationalisation d'Arcelor ». Elle a également critiqué le gouvernement pour son manque de vision industrielle.
Un enjeu stratégique pour la souveraineté française
La députée LFI Aurélie Trouvé a alerté sur les conséquences d'une absence de nationalisation : « la famille Mittal a mis la main sur les deux tiers de la production de l'acier français, et ArcelorMittal délocalise en Inde, aux États-Unis et au Brésil ». Elle a également mis en garde contre la non-rentabilité de l'acier français dès 2030 sans une relance de la décarbonation.
Le gouvernement, quant à lui, mise sur une enquête de la Commission européenne sur le dumping chinois et la hausse des droits de douane pour protéger l'industrie française. Une approche que la gauche juge insuffisante face à l'urgence sociale et industrielle.
Alors que le texte doit désormais être examiné par le Sénat, la bataille politique et syndicale autour d'ArcelorMittal est loin d'être terminée.