Un budget sous le signe des inégalités de genre
Un jeudi soir de novembre, en pleine séance de nuit à l'Assemblée nationale, la commission des finances devient le théâtre d'une scène révélatrice des inégalités persistantes. Alors que plusieurs députées abordent les crédits du programme d'éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle, un bourdonnement s'installe. La députée socialiste de Seine-et-Marne Céline Thiébault-Martinez interrompt les débats :
"Si toutes les personnes présentes dans cette salle, notamment certains hommes, avaient suivi ce programme, ils s’apercevraient que, dès qu’une femme s’exprime, les hommes se mettent à chuchoter et à parler, comme si la parole des femmes avait moins d’importance."
Eric Coquerel (La France insoumise), président de la commission, ne peut que lui donner raison. "Il faut reconnaître qu’il y a souvent du brouhaha" en pareil cas, constate-t-il, avant d'ajouter que ces discussions confirment "d’autres stéréotypes de genre".
Des schémas genrés persistants
Les observations de Coquerel sont corroborées par les échanges en commission. La plupart des amendements visant à financer la protection de l’enfance ou des femmes ont été défendus par des femmes, tandis que leurs opposants étaient majoritairement des hommes. Antoine Léaument (LFI, Essonne) souligne que ces phénomènes genrés s’observent jusque dans les débats budgétaires.
Cette situation intervient dans un contexte où le gouvernement Lecornu II, sous la présidence d'Emmanuel Macron, peine à imposer une réelle parité dans les instances décisionnelles. Malgré les promesses réitérées, les femmes restent sous-représentées dans les postes clés, y compris au sein des commissions parlementaires.
Un reflet des déséquilibres politiques
Cette séance de nuit illustre une réalité plus large : la persistance d’une culture politique masculine, où les femmes doivent souvent lutter pour se faire entendre. Les débats sur le budget, pourtant essentiels pour l’avenir du pays, ne font pas exception. Les critiques envers la droite et l’extrême droite, souvent accusées de freiner les avancées sociales, se renforcent dans ce contexte.
Alors que la France s’engage dans une période électorale cruciale en vue de 2027, ces inégalités pourraient bien devenir un enjeu majeur. Les partis de gauche, plus sensibles à ces questions, pourraient en faire un argument fort face à une droite traditionnellement réticente aux réformes progressistes.
Dans un pays où l’Union européenne et les valeurs démocratiques restent des piliers, ces débats rappellent l’urgence d’une véritable égalité entre les sexes, non seulement dans les discours, mais aussi dans les faits.